dimanche 20 avril 2014

Notre espion du bord de mer




Avril, c'est le mois des vents.
Ainsi débute la conversation. Mais, au-delà des considérations météorologiques, mon propriétaire semble soucieux, préoccupé. Que se passe-t-il : encore des visiteurs importuns qui se glissent dans notre jardin pour chiper nos belles roses, une nouvelle taxe, un nouvel  impôt inventé par les stratèges de notre gouvernement?
Non, ce qui le tracasse aujourd'hui, ce sont trois demoiselles. Les trois jeunes locataires de sa maison du bord de mer. L'un d'elle s'en est retournée  chez elle dans le sud du pays, il y a deux mois maintenant. Alors, notre homme , et c'est bien légitime, se demande comment les deux autres font pour assurer quand même le  paiement du loyer. Une part entière qui s'envole, ce n'est pas rien !
J'apprends que les filles  sont toutes deux femmes de  ménage dans un hôtel et ne touchent qu'un faible salaire.
-Des pourboires?
-Oui, bien sûr. Mais, tu crois que c'est suffisant?
-Non, certainement pas.
Alors, le mystère reste entier.
Il me regarde, esquisse un léger sourire.
-Beaucoup de jeunes femmes n'ont que cette solution aujourd'hui...
-Tu veux dire..
-Oui, tu as compris..
-Mais, tu en es sûr?
-Non, justement. Et c'est ça le problème. Chez nous, le propriétaire est responsable, tu comprends?
-Oui.. Enfin, je crois. Alors, qu'est-ce que tu vas faire?
-J'ai demandé à un voisin d'espionner  pour moi.
-Un espion.
-Oui, c'est un vieil homme qui habite juste en face de la maison.
-Et qu'est-ce qu'il a vu?
-Hier soir, il a surveillé la porte des demoiselles jusqu'à neuf heures.
-Résultat?
-Rien. Personne. Aucun homme n'est entré.
-Bien. Et après?
-Après?
-Oui. Après neuf heures?
- Il est allé se coucher... Tu sais, il est très vieux.
Le vent me pousse loin du bord de mer.
Julius Marx

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