lundi 22 septembre 2014

Aube



On frappe, c’est l’heure !
J’ouvre les paupières.
Dans notre chambre d’amis, une seule chaise
 avec toutes nos affaires entassées dessus.
Cette nuit, vaincu, j’ai laissé les moustiques libres de travailler  en paix
 et la sueur couler lentement sur ma pomme  d’Adam.
Il me reste  encore quelques minutes pour réfléchir. 
Devant la fenêtre,
en fixant les herbes folles qui ont colonisé le jardin,
je me demande ce qui me sépare encore de Raymond Carver
j’opte pour les adjectifs  avant de sortir de la chambre.
Tout est calme dans la maison.
Sous la table de la salle à manger,des fourmis s’occupent d’un minuscule lézard
écrasé sous le pied d'une chaise.
Dans la cuisine, la bonne dort, la tête sur le billot,
les bras ballants.
Impossible d’ouvrir la porte sans qu’elle se mette à grincer
comme une vieille tante acariâtre. 
Dehors, je tombe nez à nez avec un chien noir aux yeux couleur d’ardoise. 
C’est bien la première fois qu’il m’arrive de croiser un animal 
avec deux rangées de  pis sur le ventre et une quéquette.
Il veut entrer dans la cuisine, histoire de vérifier si la pitance de ses maîtres
à la même saveur que la sienne, 
je laisse la créature faire ses propres expériences.
Sur le chemin, les marcheurs se tiennent déjà en ordre serré, 
silencieux, nous traversons la brume pour atteindre l’océan
et son grondement de fauve.
Dans le cimetière du vieux quartier France, les langues se délient. 
Entre les tombes et les murets écroulés, 
chacun déballe son curriculum-vitae.
Quelques  photos antiques ou des bouquets  desséchés
émergent encore  entre les  écharpes de brume.
Quelqu’un me demande si je veux bien prendre une photo du mouton qui s’est endormi sur cette tombe, là, sur ma droite.
 Le soleil décide qu’il va sortir un peu de sa planque.
Au même instant, les chants  de l’église évangélique font fuir de minuscules oiseaux gris et blanc 
Quels peuvent bien être les pêchés de ces hommes et de ces femmes ?
L’océan gronde toujours.
Julius Marx

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