Celui qui
préfère qu’on l’appelle voyageur quitte son pays pour découvrir un autre monde,
une autre vie. Le touriste, probablement pour que la réalité (toutes les
réalités) soit à la hauteur de sa propre fiction. Pour le voyageur, la
découverte doit être complète. Il ne s’intéresse pas aux seuls monuments ou
curiosités de la nature mais aussi aux coutumes locales, à la nourriture, aux
différents modes de vie des habitants du pays et à ses inévitables inégalités
sociales. Inégalités qu’il ne cessera de dénoncer sans jamais se rendre compte
qu’il contribue lui aussi à creuser encore un peu plus le fossé qui sépare les
nantis des misérables. Le touriste se
déplace pour vérifier. Il doit absolument constater de visu que
toutes les photos ou les films qu’il a subit ,depuis qu’il sait lire ou
regarder un écran sur le pays
choisi sont bien nés d’une réalité et
non d’un fantasme, d’une affabulation des différent médias. C’est en partie
pour cette raison qu’il s’étonnera, par exemple, de ne pas découvrir les pyramides de
Gizeh en plein désert. Pour lui, tout n’est qu’histoire de cadre. Il devra donc
produire de gros efforts d’ingéniosité pour photographier la grande pyramide de
Khéops sans qu’aucune représentation du monde moderne ne vienne parasiter son
image, ce qui la rendrait réelle,
vivante parmi les vivants. Pour que son cadre soit parfait il doit être
imaginaire. Bien entendu, l’un et l’autre demeurent persuadés que leur propre
manière de voyager est l’unique façon de découvrir les contrées éloignées. Pourtant,
lorsqu’ils se retrouvent face à face, profitant des nombreuses périodes de
hasard qu’offre le voyage, ils s’insurgent vivement contre cette véritable
invasion que sont les touristes. Selon leur propres codes de valeurs, ces gens ne
respectent rien, ni personne : c’est l’évidence même !
Le voyageur
comme le touriste utilisent beaucoup l’expression « ce qu’il faut
faire ». Il existe certainement pour chaque pays de la planète (les guides
sont édités pour cela) une liste ou sont
répertoriés ; monuments, lieux particuliers voir insolites, spécialités
locales (culinaires ou religieuses) etc… Alors, lorsque le voyageur et le touriste
débarquent, c’est le début d’une quête,
d’un idéal.
De retour d’un
périple (le mot n’est pas trop fort) sur le grand Nil je vais débuter moi aussi
le récit de mon voyage dès que j’aurai réussi à mettre un peu d’ordre dans mes
fichues notes.
Cette première vidéo, tournée à Karnak, est, à n'en pas douter, l'oeuvre d'un touriste. L'auteur va-t-il peu à peu se transformer en voyageur ou se complaire dans sa pénible condition? Vous le saurez dans les prochains épisodes.
Julius Marx
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