samedi 10 décembre 2016

Caro diario




Tout à coup, écrire m’a donné la nausée, et m’est venue la volonté d’abandonner absolument et pour toujours l’idée de ces notes.
On écrit avec l’intention d’être vrai et véridique, et puis on s’aperçoit qu’on a toujours été inexact, toujours non vrai, et ici et là, même sans le vouloir, menteur.
L’écriture n’est pas apte à appréhender la vérité, même si elle est le seul instrument que l’on possède pour s’essayer à le faire. Le langage est bon pour la poésie, parce que la poésie ne veut pas exprimer la vérité, mais est une construction d’idées, qui a sa propre vérité, laquelle prend forme avec la parole et ne fait qu’un avec elle.
Je dirai encore ceci : j’ai eu l’impression que chercher à signifier et à être précis avec des mots trouble et détruit la perception sans mot des sentiments, des affections, des sensations. Avec pour résultat qu’à ces sentiments et affections et sensations, qui sont notre vie, se substituent des écritures. Des copies à des originaux, des originaux défigurés et perdus.
Le diariste s’empresse de transformer sa propre vie en pièce d’écriture, et perd la vie. Combien de larmes tardives ont été versées de ce fait malheureux par des écrivains !
Virgilio Giotti
Notes inutiles
Les quelques lignes illustrant ce texte sont extraites du  script du magnifique film de Nanni Moretti Caro Diario

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