samedi 31 mars 2012

Allez les verts !


Question écologie le roman noir n'a de leçon à recevoir de personne. Dans le genre, il y a bien longtemps que tout les auteurs recyclent. Des exemples Julius! D'accord, d'accord, allons-y.
Dans l'album de bande dessinée Quelque part entre les ombres de la série Blacksad le scénariste nous montre qu'il connait les codes polar sur le bout des doigts. Rien ne manque à l'appel : le privé désabusé qui porte un vieil imperméable, sa copine la star de ciné sur le déclin, le commissaire au bon coeur (seul flic non-corrompu) et bien entendu le potentat local qui règne sur la ville. Pourtant, si le héros fume il ne semble pas spécialement attiré par la bouteille mais, qu'importe. J'oubliai, il y a aussi la très fameuse boite d'allumettes avec la pub d'une boite de jazz retrouvée sur les lieux du crime et qui va mettre le détective sur la piste des assassins.
Dans un second temps, il reste à trouver une idée pour emballer le tout. Ici, ce sont des animaux qui remplacent les personnages. Un chat à la place de Bogart, un rat à celle de Elisha Cook Junior, Ours et rhinocéros pour les "hommes" de main du caïd (une grenouille !) Mais que fait la police ?
Bah justement: le chef de la police  ( un chien berger Allemand) se demande comment rester intègre dans une telle ménagerie. On le comprend. Bon, tout ceci est assez plaisant mais manque singulièrement d'intrigue.
Allez, tyrans que vous êtes, un autre exemple : la télévision.
Du côté de l'image en boite de conserve, ce serait plutôt l'inverse. Les fabricants négligent beaucoup trop les personnages pour ne s'intéresser qu'a l'intrigue et au sensationnel. Dans la plupart de leurs produits d'appel, on trouve un peu de codes polar, une pointe de policier classique, un soupçon de gore et du grand frisson pour emballer le tout. Nous compatissons. Leur travail est difficile. Inventer des situations originales devient de plus en plus compliqué.
Et dire qu'il leur suffirai simplement de jeter un oeil par la fenêtre du 56ème étage de leur immeuble des bords de Seine. Mais enfin, ceci est une autre histoire, justement.
Hulot devrait être satisfait, c'est maintenant le monde entier qui s'adonne au recyclage; des hommes du  Grand Nord aux guerriers d'Afrique du Sud; tous sous la même étiquette, le même produit; les industriels en  têtes de gondoles, les petits artisans au fond du magasin.
Oui mais alors Julius, le consommateur ?
Qu'il compare les prix, qu'il lise attentivement les étiquettes, qu'il se méfie des promotions, qu'il  lise des blogs ! Qu'il s'abonne à "L'indic"! Que sais-je encore ?
Laissez-moi. Je suis soudainement las.
Julius Marx

Pour s'abonner à l'Indic : fonduaunoir44.blogspot.com
Blacksad (Dargaud)

vendredi 30 mars 2012

Salomé


D'un geste d'épouvante, Salomé repousse la terrifiante vision qui la cloue, immobile, sur les pointes; ses yeux se dilatent, sa main étreint convulsivement sa gorge.
Elle est presque nue; dans l'ardeur de la danse, les voiles se sont défaits, les brocards ont croulé; elle n'est plus vêtue que de matières orfévries et de minéraux lucides; un gorgerin lui serre de même qu'un corcelet la taille; et, ainsi qu'une agrafe superbe, un merveilleux joyau darde des éclairs dans la rainure de ses deux seins; plus bas, aux hanches, une ceinture l'entoure, cache le haut de ses cuisses que bat une gigantesque pendeloque où coule une rivière d'escarboucles et d'émeraudes; enfin, sur le corps resté nu, entre le gorgerin et la ceinture, le ventre bombe, creusé d'un nombril dont le trou semble un cachet gravé d'onyx, aux tons laiteux, aux teintes de rose d'ongle.
Sous les traits ardents échappés de la tête du précurseur, toutes les facettes des joailleries s'embrasent; les pierres s'animent, dessinent le corps de la femme en traits incandescents; la piquent au cou, aux jambes, aux bras, de points de feu, vermeils comme des charbons, violets comme des jets de gaz, bleus comme des flammes d'alcool, blancs comme des rayons d'astre.
J.-K Huysmans
(A rebours)
(Classiques-Pocket)
Comme Des Esseintes, le héros de Huysmans, nous rêvons tous un jour "à une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède" où nous pourrions nous réfugier bien loin  " de l'incessant déluge de la sottise humaine.
Et puis, nous passerions nos jours à admirer la Salomé de Gustave Moreau.
Oui, je sais, c'est impossible.
Tant pis.
Julius Marx 

jeudi 29 mars 2012

Flora Nonsensica



L'arbre à brosses :
Ce phénomène naturel, des plus utiles, ne produit pas beaucoup de brosses à vêtements, ce qui explique  pourquoi lesdits objets se vendent si chers. Il est superflu, ce me semble, de s'étendre sur la nature ommesquombieuse de ce légume extraordinaire.

L'arbre à cerf-volants :
C'est un légume stupéfiant et terrible lorsqu'un vent furibond agite ensemble tous les cerf-volants. L'arbre ne semble pas être d'un usage particulier pour notre société, mais serait fréquenté par les petits garçons s'ils savaient où il pousse.

L'arbre à biscuits :
Cette remarquable production potagère n'a jamais été décrite ou délimitée. Comme elle ne pousse ni dans le voisinage des plaines, ni dans celui de l'Océan, des montagnes, des vallées ou des habitats , son lieu d'élection reste encore incertain. Quand les fleurs tombent, et que l'arbre se brise en biscuits, l'effet n'est pas désagréable, pour peu qu'on ait de l'appétit. Si les biscuits poussent par paires, ils ne poussent pas seuls, et s'ils tombent, ils ne demeurent point suspendus.

L'arbre à fourchette :
Cet arbre plaisant, fertile en imprévu, ne pousse pas à plus de 463 pieds de hauteur. Aucun spécimen à ce jour n'a produit plus de 40.000 fourchettes d'argent à la fois. Si on le secoue violemment, il est probable que de nombreuses fourchettes finiront par tomber, et en cas de grand vent, il est possible que toutes les fourchettes s'entrechoquent affreusement, ou émettent un tintement propre à séduire les oreilles les plus musicales.

L'arbre à confettis
Ce conifère frileux se cache dans les vallées en adoptant une drôle de pousse horizontale pour protéger ses fruits multicolores. Les confettinums-coloréum sont  récoltés avant les fêtes de carnaval par des hommes au nez rouge qui ne boivent que du vin chaud à la cannelle. Le poète Pierre de Ronsard (1524-1585) avait à l'origine composé la première strophe de sa célèbre Ode à Cassandre autour de l'arbre à confettis avant de renoncer.

Edward Lear 
Bonjour M. Lear
( 1960-Introuvable)
Il y a évidemment un intrus dans ces cinq petits textes. Pourras-tu le retrouver ami lecteur?

mercredi 28 mars 2012

Un petit coup de main


"Elle saisit entre le pouce et l'index un bouton de son veston bleu.
-Ca vous reprend, soupira Spade avec une ironique résignation.
-Mais vous savez bien que c'est vrai, insista-t-elle.
-Non, je ne le sais pas, dit-il, en caressant la main qui tripotait le bouton. C'est parce que je vous ai demandé des raisons de me fier à vous que vous êtes venue ici. Ne confondons pas. Il n'est pas nécessaire que vous vous fiiez à moi tant que vous pourrez me persuader de me fier à vous.
Elle l'examinait attentivement, les narines frémissantes. Il se mit à rire et caressa de nouveau la main de la jeune fille.
-Ne vous frappez pas. Il va arriver. Dites lui ce que vous avez à lui dire et nous aviserons.
-Et vous me laisserez discuter - avec lui - et agir... à mon gré?
-Absolument.
Elle retourna la main qu'il tenait et ses doigts pressèrent ceux de Spade.
-Vous êtes ma providence, dit-elle doucement.
-N'exagérons rien, dit-il.
Elle lui jeta un regard de reproche, mais elle souriait en se rasseyant dans son fauteuil."

Ceci pour aider celles et ceux qui travaillent dans l'art populaire du roman noir.
Rythme. Tempo. Essentielles respirations. Gestes. Attitudes. Simplicité.
Ne me remerciez pas, c'est tout naturel.
Julius Marx

lundi 26 mars 2012

Le voyage des mécréants


Dimanche.
Au menu, penne avec thon et sardines.
-Et si on accompagnait le plat d'un vin blanc cépage Vermentino ?
-Ouais, pas mal. Mais, il faut aller le chercher... et c'est loin. En plus, il va falloir marcher et traverser la zone touristique.
-Tu sais bien qu'on a pas le choix. Il n'y a malheureusement pas beaucoup de super-marchés qui vendent de l'alcool.
-Mais pourquoi, bon sang de bonsoir, pourquoi?
-Allez, lève-toi et marche! Tu changeras le monde plus tard.
Moins d'une heure après, nous sommes dans un de ces taxis collectifs dont je vous ai déjà parlé(1)
coincés entre deux hommes au système pileux admirablement développé en direction de la zone touristique et de ses magasins.Notre chauffeur a lui aussi une magnifique barbiche en pointe et nous ne nous sommes donc pas surpris de la décoration intérieure toute religieuse de son taxi.
Il doit être 9 heures.
Ne souriez pas, l'information a son importance. A ce moment de la matinée, l'ambiance radio est assurée par un chanteur-prêcheur qui psalmodie à sa guise. Le degré de décibels est insupportable.
Un vieil homme demande  poliment au grand marabout du taxi de bien vouloir baisser un peu le volume. Dans un premier temps, il répond à sa demande puis, re-balance la sauce. Le vieux renonce a engager une guerre sainte. Il baisse la tête et se concentre sur la une de son journal qui annonce que la Société de gaz et d'électricité vient de couper le courant de plusieurs hôtels de la zone pour non-paiement de  factures.
Quand nous sortons du taxi, nos oreilles bourdonnent. Dix minutes à peine à respirer l'air pur, à écouter le chant des oiseaux, et nous entrons dans le no man's land touristique. Le domaine privé des hommes et femmes en short de plus de quatre-vingts kilos, paradis de la contrefaçon (tee-shirts, sac ou chaussures) royaume de l'ersatz à bas prix. Dans ce parc réservé, pas besoin de pub, les résidents s'en chargent.
Pour acheter notre bouteille de vin, nous devons pénétrer dans une petite planque isolée du magasin. Un bref instant, je revois le temps où nous fumions des cigarettes en cachette avec les copains de l'école.
Je cache la bouteille dans le fond de mon sac à dos, il est très important de cacher les bouteilles pour ne froisser personne.
Sur le chemin du retour, nous croisons un des nombreux professionnels de l'accroche-touriste qui arpentent le boulevard. La phrase d'introduction du jour est : " alors, il est beau notre soleil , non?"
J'opine simplement. Il est important de ne pas engager la conversation.
-Mauvais temps, kaput !
 Le malotru me prend pour un allemand, un comble ! D'habitude, c'est pour un italien, misérable ! Passe ton chemin!
Sur la route du retour, le taxi s'arrête souvent. C'est jour de marché. Les femmes montent avec des paniers trop  remplis de légumes, des sacs de plastique avec des fruits et des fagots d'herbes. Il flotte une merveilleuse odeur de fenouil dans l'habitacle. Une petite fille nous dévisage. Ma femme lui sourit, elle baisse la tête, pouffe et s'occupe de sa petite queue de cheval.
Tu as bien raison fillette, s'occuper de sa queue de cheval est une des choses les plus importantes de la vie. Conserve ton sourire aussi longtemps que tu le pourras.
Un coup de coude dans les côtes, quoi encore ? Ah! oui, descendre du taxi.
Julius Marx

(1) Pour les retardataires, lire le message "Une journée particulière" du 13 avril 2011

vendredi 23 mars 2012

Murder-party


Pour pénétrer dans la littérature Sud-américaine il existe de nombreuses portes (certains affirment même qu'il faut aussi traverser des jardins aux sentiers qui bifurquent).Alors, comment entrer sans prendre le temps nécessaire de les ouvrir toutes.Le chemin le plus court reste de suivre les conseils avisés d'une amie bienveillante (je sais de quoi je parle). Si par malheur ou peut-être à cause de votre caractère vous n'avez pas d'amies, ou que vos amies ne sont pas bienveillantes, il se peut même qu'elles  soient aussi des fanatiques de thrillers-ésotériques ou de livres de souvenirs, de recettes de cuisine bulgare etc, vous avez  le temps nécessaire de lire ce blog et vous n'êtes donc pas si malheureux que ça.
Je vous propose de débuter votre voyage initiatique par un roman policier. On sait que ce genre très prisé des riches héritières, des propriétaires de manoirs isolés et des colonels à la retraite  n'est pas vraiment notre tasse de thé (nous préférons le café serré) mais certains textes méritent vraiment toute notre attention. Alors, profitons de l'orage pour nous asseoir dans ce beau fauteuil de cuir et ouvrir
Los que aman, odian (Ceux qui aiment, haïssent ) de Sylvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares.
En 1945 Adolfo Bioy Casares et son vieil ami Jorge Luis Borges sont chargés par les Editions Emecé (Buenos-Aires)  de fonder une collection de grands classiques. Le duo détourne aussitôt le projet pour publier les meilleurs auteurs de littérature policière.
En 1946, en collaboration avec sa douce moitié Casares propose dans la collection intitulée fort judicieusement El Séptimo Circulo (Le septième cercle-allusion au cercle des violents dans l'Enfer, de la Divine Comédie de Dante) Los que aman, odian. Ce roman n'est pas une parodie. Il reprend juste les clichés et l'efficacité narrative propre au genre. Lisez la scène d'introduction:
"Les derniers granulés d'arsenic (arsenicum album),insipides mais réconfortants, fondent dans ma bouche. Sur mon bureau, à gauche, j'ai un exemplaire du Satiricon de Caius Pétrone, superbes caractères de Boldoni et pages usées, semble t-il, par d'innombrables lectures, et à droite, un plateau parfumé avec du thé, de fragiles porcelaines et d'appétissants petits pots.Thé de Chine, toasts légers et friables, miel d'abeilles qui ont butiné des fleurs d'acacia et de lilas, voila dans quel paradis je vais me mettre à écrire l'histoire de l'assassinat de Bosque del Mar."
Avouons que le style sent un peu moins la naphtaline que celui des vieilles dames so british, non?
Lisons encore ceci :
"Je revins dans le hall. Cornejo, assis raide comme un piquet sur une chaise moderne, compulsait muni de lunettes, de papier et d'un crayon un gros volume. Quand je tombe sur quelqu'un en train de lire, mon premier réflexe, c'est de lui arracher le livre des mains. Je propose à l'amateur l'analyse de ce comportement : attrait des livres ou agacement de ne plus être le centre d'intérêt? Je me contentais de lui demander ce qu'il lisait.
-Un vrai livre, me répondit-il. Un guide de chemins de fer. J'ai en mémoire un plan du pays - limité évidemment au réseau ferroviaire- qui tend à englober les localités les plus insignifiantes, les distances qui les séparent et les horaires de voyage....
-Ce qui vous intéressent, c'est la quatrième dimension. L'espace-temps, déclarai-je.
Manning fit une remarque énigmatique:
-Moi, je dirais la littérature d'évasion."
Bon, maintenant je vous laisse ouvrir seul les portes. Sachez seulement que rien ne manque, et surtout pas la traditionnelle réunion ou le détective dévoile l'assassin.
Pour finir en beauté, voici une autre scène dont on ne se lassera jamais.


Julius Marx 
 Sylvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares (Ceux qui aiment haïssent) Editions C.Bourgois.

jeudi 22 mars 2012

Je me souviens


Nous ne pouvons nous empêcher de continuer à tourner des films. Les films sont totalement  superflus et très souvent mauvais. Le roman noir est devenu frivole, totalement dépassé par la réalité où les tueurs sont beaucoup plus tueurs et les capitalistes encore plus capitalistes.
On le sait, personne ne peut arrêter la machine, ni les électeurs et encore moins les élus.
Alors, comme dans les romans noirs, la lutte individuelle est notre survie. Comme Marlowe nous voulons gagner notre vie  honnêtement dans un monde corrompu. Nous boycottons le café des riches   préférant celui du commerce équitable. Nous nous battons pour l'égalité, pour l'humain et l'émotion face aux produits standardisés fabriqués pour ceux qui ont un tube cathodique à la place du cerveau. Nous luttons pour la marchande de tabac et ses fantastiques nichons, pour la démesure, pour le cul de la coiffeuse et celui de la Volpina. Nous sommes pauvres et amers mais pas forcément désespérés.
Bref, nous sommes encore vivants.
Voila, c'est tout ce que m'inspire la mort de Tonino Guerra,  co-scénariste de Fellini sur Amarcord.
Un homme qui a écrit des scènes comme celles-là, qui a crée ces personnages, ne peut pas mourir.
Julius Marx

mercredi 21 mars 2012

Ciné-revue


Toutlesautressappellent HAL est un blog qui parle de cinéma.
Il suffit de cliquer sur mon profil et sur l'intitulé du blog pour lire aussitôt de merveilleux articles
sur des films, commentés avec ma bienveillance  habituelle.
Je vous attends.

mardi 20 mars 2012

Bienvenue à Hammamet


Tout comme l'Europe, nous avons nous aussi nos jours fériés et nos weeks-end prolongés. Si le 20 mars est le jour de l'indépendance, il est aussi l'un des piliers du pont de quatre jours. Est-ce une particularité des pays dits émergents du nord de ce continent? Car les autres, ceux qui sont encore sous le niveau de la mer, n'est-ce pas, et dont la première occupation des habitants en se levant reste de chercher à bouffer, s'ils ont eux aussi des jours fériés chômés, n'ont pas , c'est l'évidence, la "chance" de chercher fébrilement un petit havre de paix ou passer ces fameux quatre jours avec leur petite famille.
Certains ont choisi de sillonner le désert avec leur 4x4 et de vivre une aventure passionnante en sautant sur les dunes et en prenant bien soin de ne pas briser les bouteilles de remontant qui emplissent le coffre. D'autres ont préféré se rendre sur les sites romains se foutant pas mal des ragots et des rumeurs qui les décrivent comme des intellectuels. Enfin, des irréductibles et des ladres qui se fichent éperdument des jours fériés et qui demeurent sagement chez eux, nous ne parlerons pas (ces impudents personnages sont capables de rester planqués quatre jours uniquement pour ruiner l'intro de ce message.)
Alors, nous avons décidé de jouer les touristes. Notre défi : l'immersion totale dans un hôtel d'un grand groupe international, un des caïds du joliséjourtoutcompris . Un vrai reportage de TF1 ! Mais qu'est-ce qui te prends Julius, tu débloques ou quoi? Non, l'arrivée du printemps sans doute...
A une dizaine de kilomètres du centre "historique" d'Hammamet , les marchands de rêves organisés ont construit avec leurs copains de la période B.A. une véritable petite ville où nos amis les touristes devaient se sentir comme chez eux(1) : Yasmine Hammamet. Allons mes amis, parlons d'abord de l'architecture. C'est une démonstration de tout ce que l'homme mal intentionné peut faire avec une bétonneuse et du ciment. On se croirait dans le port de La Goulette pendant le déchargement des containers: des blocs de différentes couleurs et gabarits empilés les uns sur les autres par un grutier  épileptique.Ensuite, des peintres et des sculpteurs, probablement sous l'emprise de drogues, ont barbouillé et fignolé l'ensemble en y ajoutant çà et là leurs petites touches personnelles. Ainsi, la statue de plâtre du nomade du désert partage la vedette avec le grand Hannibal sur son cheval géant(2), une devanture bariolée de restaurant proposant de la boulabaise , un parc d'attraction Carthaginois, une marina avec au mouillage la caravelle de Christophe Colomb, une authentique  brasserie bavaroise, une ribambelle de super-marquette avec leurs petits cadeaux (de ceux qui font toujours plaisir) estampillés made in China.
Fautes de goût, fautes d'orthographe, qu'importe, on est là pour s'amuser non?
Pour dormir, boire, et manger comme un porcinet le touriste exige le top. Mais, les caïds du Joliséjourtoutcompris sont des types solides et efficaces qui ont bien compris l'époque dans laquelle ils gagnent du fric. Ils ne vendent donc au touriste assoiffé qui possède un tube cathodique à la place du cerveau qu'un ersatz au luxe suranné, un divertissement de série sans saveur.
Immersion oblige, je me retrouve dans l'unique ascenseur qui descend vers la piscine avec six autres joyeux baigneurs. Devant les 4 mètres carrés du bain de pieds, je décide de remonter à la surface.
Sur le seul court de tennis de cet hôtel, nous constatons que le  câble qui soutient le filet est sectionné. Personne pour le réparer ; le responsable est parti. Nous sommes en Tunisie depuis trop longtemps pour oser poser la  stupide et inutile question:
-Quand reviendra-t-il?
Au restaurant, je pense que ces types de TF1 font un boulot vraiment difficile. J'ai la nausée.
L'immersion, fini pour moi.
Par mesure de représailles, je boycotte la  soirée "spectacle de magie". J'en ai assez vu dans la journée. Je préfère  rester au lit avec un bon Westalke. Heureusement, demain, on sera déjà de l'autre côté du pont.
Julius Marx

(1) Car le touriste, s'il consent à sortir de chez lui veut aussi retrouver les valeurs de la société libérale très avancée, faut pas lui faire au touriste...
(2) Au passage, j'ai relevé que le fougueux canasson avait perdu ses coucougnettes. 

jeudi 15 mars 2012

Les bons et les méchants


Si certains écrivains ont le pouvoir de nous faire croire en l'homme, de nous faire espérer  encore en sa  bonté, (Harrison, Carver ou Rea, par exemple) d'autres se montrent beaucoup plus réalistes en démolissant systématiquement dans leurs oeuvres notre chère humanité (Céline et son Voyage, évidemment.)
Dans l'univers du roman Noir, dont le postulat de base n'est pas de détruire obligatoirement, ce clivage existe aussi. Ainsi, du côté des bons, des tolérants, nous trouvons par exemple Serge Quadruppani qui ne cesse roman après roman(1) de se battre contre ceux qui ont baissés les bras.
Sur l'autre rive, oublions les opportunistes  qui naviguent maladroitement sur les courants pollués de la mode pour nous concentrer sur les vrais méchants.
Pierre Siniac est de ceux-là. Dans son monde, la bonté est remplacée par l'avidité, l'amour par la haine imbécile , la solidarité par le profit immédiat et le bonheur par une vaine caricature.
Ses personnages sont tous plus ou moins marginalisés socialement même s'ils ont presque toujours un pied dans la bonne société, leur esprit est ailleurs, dans les méandres du mensonge, de la cupidité. En un mot, ce n'est pas la foi qui les caractérise mais la mauvaise foi. Ils sont veules, affreux , sales et méchants.Tristes et nécessaires incarnations de la nature humaine ces bataillons de vaincus, d'exploités, sont contraint de subir le règne du Mal, de lutter (souvent de manière maladroite) contre le pouvoir exercé par des salauds encore plus pourris .
Ainsi, Séverin Chanfier, le héros employé d'assurances du fantastique Femmes Blafardes n'est pas un privé courageux beau gosse et un peu casse-cou mais un être frêle, moche, avec des  gros boutons sur le pif, qui lutte pour sa toute petite part de pouvoir et de fric et l'homme politique, sous-chef d'un parti chrétien et conservateur de Démago-Story révèle sa vraie nature dans une hilarante confession.
Paroxysme de l'horreur quotidienne, la série des Luj Inferman' nous raconte les croustillantes  aventures d'une sale gueule, d'un petit crevé, perpétuel affamé et sadique à ses heures et de son compagnon, un mastodonte bouffeur d'oiseaux crus au sexe indéterminé !
Si l'on a parfois comparé Siniac à Céline c'est certainement pour cette vision méchamment noire des êtres humains.
Enfin, il faut tout de même signaler, et c'est important, que dans les romans de Siniac on se bidonne pas mal. C'est peut-être  légèrement malsain je vous l'accorde mais tellement jouissif.
Alors,si vous n'avez pas encore lu Siniac, il est grand temps de vous intéresser maintenant aux anciens flics internés en asiles psychiatriques, aux nobles dépenaillés, aux mercenaires au chômage, aux membres d'un club d'assassins, aux mères maquerelles, aux anciens d'Indo, aux tueurs en série, aux fascistes en fuite.
Pierre Siniac est mort seul, abandonné, comme un chien, dans son  appartement. Les voisins( alertés par l'odeur fétide) ne l'ont découvert qu'un mois plus tard en état de décomposition avancée.
Bonne entame pour un roman , non?
Julius Marx
Illustration : René Dary (Henry Ducrot dit Riton dans "Touchez pas au grisbi" personnage" Siniac" par excellence)
(1) Et également dans son blog " Les contrées magnifiques".

lundi 12 mars 2012

Le Sniper


Couchez-vous !
Ca crépite, ça gicle rouge !
Hervé Prudon est un tireur fou, isolé, qui écrit avec une Kalachnikov. Au fil des pages, ça dégringole, ça dézingue, ça dessoude  méchamment. Un chapitre à peine achevé, une petite trêve genre croix Rouge internationale, et nous voila reparti dans le champ de mine, le feu nourri qui reprend.
Sa prose est juste, trop juste peut-être, et toujours mortelle. Nous, les victimes, en refermant les livres, on se compte, on se regarde, ébahis, miraculés, encore tâchés d'encre rouge sang.
Les autres( les personnages) sont des cibles mouvantes et émouvantes, happés dans le champ de bataille de la banlieue.
Jugez plutôt (attention, ça décoiffe, casque obligatoire)

"-Et ta mère?
-Elle fait surtout des mots croisés, elle est très forte. C'est à cause de Loulou peut-être, c'est comme les fous les mots croisés, , derrière leur grilles, case vide, case noires, on leur cherche une définition, c'est comme tout le monde, mots verticaux garde-à-vous, mots horizontaux couchés comme des putes, les putes et les fous c'est toute une famille, ça m'étonne pas qu'elle fasse des mots croisés ma mère, regarde par la fenêtre, c'est pas beau ces mots croisés géants? Cinq étages sur neuf escaliers.On est tous là dans une case, derrière une fenêtre, on attend une définition, on est comme des lettres qui ne veulent rien dire sans les autres, tu as une définition, toi, pour toutes ces vies croisées, tu y comprends quelque chose, Lucien? Tu sais, on aurait pu écrire des choses merveilleuses comme rêver. Et puis un nouveau emménage en bout d'immeuble, c'est le c. Il décapite le e , il aimait pas son chapeau, et on devient crever. On crèvera tous, là. Dans nos boites. Comme Schmitz. On restera là toujours entre indigènes, entre indigents."


En temps de paix, on peut tout de même lire aussi ce genre de choses :
"Pierrefort s'était recroquevillé sous la pluie. La place était déserte et la fontaine débordait.Il était presque midi, la population était à la messe ou à la fesse, au notre-père ou au Pernod. Pierrefort glougloutait en anisettes, eau bénite et caniveaux. La 4L glissa comme un bathyscaphe et sortit de la ville."
Mais, la trêve ne dure jamais bien longtemps. On ressort les armes, on est  de suite prêts à en découdre.
Alors, l'unique rescapé de la troisième guerre mondiale, la der des der véridique, celle qui n'a épargné personne, se livre enfin:


"Touché par la crise, mais pas par la grâce, n'est-ce pas, intouchable, et fou de Dieu, et aussi des petits-enfants, mais mal aimé, maudit des chiens, des femmes, n'est-ce pas, et trahi jadis par la mienne, Olga Piquette, née Zakouski, et logé par ma mère, M'mam, car chômeur en fin de droits, n'est-ce pas, en bout de piste, cul-de-sac, quadragénaire lettré mais néanmoins crétin congénital, parait-il, pétri d'Amour et Compassion, mais vraiment moche, n'est-ce pas, depuis longtemps, ventru, fessu, dodu dindon, pardon, gloussant timide, gras comme une loche moche, un peu lunaire Apollinaire, secret poète, mais niaiseux nul , mirliton, tontaine, avec des yeux d'éléphanteau derrière des verres en cul d' bouteille, alcoolique non pratiquant, voyez-vous, depuis ma troisième cure, mais toujours soif, curieux de tout, onaniste fervent, voyeur et téléphage, bon public, et de bon service, sans doute, mais rien foutu de faire de mes dix doigts, quoique, voir onaniste, guère hygiéniste, peu soucieux de ma mise, peu coquet, hostile à ma propre image, myope, pas foutu d'aligner trois mots, introverti trop averti des dangers extérieurs, sans doute, un peu lâche, n'est-ce pas, si timide, gourmand, dormeur, simplet, nain, tellement nain, parmi les nains, frères humains, et pauvre, humilié oublié, seul silencieux, sauteur yogique, penseur transcendanté, anachorète, âne incorrect, et voluptueux parfois, sans doute, pas longtemps, n'est-ce pas, tas de graisse post-bouddhique, boudin merdique, universel humain, frère des hommes, frères caca, frère cadet, prout cadet, petit, de nationalité française, depuis toujours, né quelque part en France, n'est-ce pas, vivant dans la Cité, fils unique, de mère unique et père inconnu, divorcé sans enfant, blanc de peau, un peu rose, couperose, absolu résigné, prêt à tout, sans doute, baroud, à tenter l'impossible, impossible n'est pas français, n'est-ce pas, mais qu'est-ce qui est français ici? Apolitique convaincu, pas très raciste,et jamais râleur, toujours à l'heure, et puis le mot pot pour rire, voyez-vous, mais sans personne à qui le dire, n'est-ce pas, car toujours seul, ou avec M'mam, si sourde,  et désormais si morte, hélas, et moi si silencieux morpion, moribond, manque de fion, toujours chaque jour un peu plus muet, plus mort..."

Hervé Prudon a le n'est-ce pas de Céline, la hargne d'Arno Schmidt et les armes de guerre du poète.
Bon, maintenant, la colline est dégagée. Il est grand temps de tenter une sortie.
Julius Marx


Hervé Prudon 
-Banquise ( Classiques du Crime-1981)
-Mardi Gris (Série Noire n° 1724)
-Nadine Mouque (Série Noire n° 2401)

samedi 10 mars 2012

Voyager, c'est bien utile.. (suite) I must be going !


Il faut plonger dans une longue galerie comme Alice vers le terrier du lapin. Ensuite, longer les boutiques sans portes, ouvertes sur l'extérieur. De chaque boutique parvient une musique que je n'arrive pas bien à déchiffrer. C'est un mélange de folklore local, de beuglements hystériques noyés dans un tempo martelé. Les gens d'ici semblent apprécier. Des hommes en noir sont postés devant chaque entrée. Grâce à leur coupe de cheveux" bien dégagée derrière les oreilles" je remarque qu'ils portent tous des appareils auditifs. Pas étonnant, avec une musique pareille! Il y en a un qui m'observe... Il retrousse ses babines.. Fuyons.
Toutes les rues de la cité mènent au grand Carrefour. Chez nous, on appelle cela un rond-point.
Là aussi, il y a d'autres hommes en noir. L'un d'eux me fait signe de prendre un panier sur la pile à côté des portillons. J'obéis, ce n'est pas le moment de se faire remarquer. Mais pourquoi s'encombrer d' un si grand panier ( dans mon village, il pourrait facilement contenir les courses du mois d'une famille moyenne) .
Alimentation. C'est toujours intéressant de voir ce que mange un peuple, on apprend beaucoup plus au rayon des fruits et légumes que dans les guides touristiques.
Les responsables des étals ont eu l'idée saugrenue de disposer de gros légumes factices tout autour des rayons. Les poivrons trop rouges, trop jaunes ou trop brillants ne trompent personne. Les oranges ressemblent à de gros melons, c'est amusant.  Ammamalocuto.. Mais non, ce sont de vrais légumes! Mais comment font-ils pour faire pousser des courgettes si vertes, si calibrées, des pommes sans aucune tâche, des salades sans terre sur les feuilles, des poireaux gigantesques, des carottes en sachet, des pommes de terre noires  ?
C'est incroyable, tout ceci ce mange... En plus, j'ai l'impression d'avoir pris un acide... les étals se multiplient à l'infini.. Au secours!  Overdose de couleurs, de musique.
Je redescend dans le rayon électro-ménager. Des types en cravates et écussons sur la veste m'attrapent par la manche.Le plus grand bouscule ses copains. Il me beugle dans l'oreille :
-Y'a une promo sur la tablette Mac, pouvez pas rater ça !
La tablette, qu'est-ce que c'est , du shit ? Décidément ce pays m'étonne.
J'ai la tête qui tourne. Il fait une chaleur torride.Il faut que je sorte tout de suite.
Les allées du  rayon alimentation pour animaux sont aussi longues que notre avenue principale. Je saute les obstacles croquettes équilibrées avec légumes cuits vapeur.La viande pour clebs, c'est fabriqué avec quoi? Faut pas me la faire les mecs, j'ai vu Soleil Vert .
Adieu empire du tout s'achète, royaume du commerce non-équitable, paradis du crédit personnalisé, du jolivoyagetoutcompris, des traites pour blancs.
Adieu la vie souterraine, je sors pour respirer, enfin.
Oui, mais pour cela, il faudrait que je trouve la sortie.
Julius Marx 

vendredi 9 mars 2012

Voyager, c'est bien utile..





On le sait : voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination.
Alors, comme pour mieux ajuster les paroles de la chanson sur les mots de mon existence, me voila parti dans un pays mystérieux.
Du voyage en aéroplane je ne parlerai pas.Ne perdons pas de temps et postons-nous tout de suite devant le tapis roulant pour contempler la valse lente de nos valises sur la surface caoutchoutée comme le font  les déchets de notre société avancée sur l'onde d'un ruisseau de montagne.
Les vingt kilos réglementaires sur le dos, je fais comme tout le monde, je m'engouffre dans un bus. Pour l'improvisation, on verra plus tard.
Les vingt kilos sur les genoux, je jette un oeil discret sur la ville endormie. Les bâtiments sont gigantesques et illuminés. Pour  qui ? On ne voit pas beaucoup de piétons. Tout les habitants sont comme moi, enfermés dans un bus ou dans leurs voitures. On se presse, on s'active. Là-bas, au bout de la bretelle d'autoroute, il y a sûrement un paradis qui nous attend... un doux moment d'extase.. peut-être même de jeunes vierges, qui sait?
Les portes s'ouvrent. On se pousse, on veut être le premier. Je comprend ça, un paradis, ça ne se refuse pas.
L'Eden, ce sera  pour plus tard. Pour le moment, nous entrons dans un vaste hall outrageusement éclairé. Mes copains du bus s'éparpillent un peu partout. Je fais comme eux, je cours droit devant. On se bouscule au portillon, on saute, on escalade, on grimpe puis on vacille de l'autre côté. L'imbécile à la grosse valise est impitoyablement piétiné. Mais, inutile de se rebiffer, une autre épreuve bien plus périlleuse l'attend. La jungle  majestueuse est là, devant ses yeux ébahis. Il a donné son numéro de carte bleue pour la découvrir, il va être servi !
Tout est bien organisé, une sirène retentit. Les coureurs s'élancent. L'imbécile se sert de sa valise comme d'un bouclier. Une jeune fille au charmant minois grogne :
-Ca, c'est mon pied!
-Désolé, je fais ce que je peux
-Minable !
Ca y est ! Les lourdes mâchoires du monstre se referment. Nous sommes dans le ventre du grand serpent du réseau express régional. Alléluia !
A l'intérieur, ce qui frappe ce sont  les mines blafardes, les teints cireux et les yeux baissés ou clos de la plupart des autochtones.Ces hommes et ces femmes sont trop bien nourris, ça sa voit. Il ne faut que quelques minutes tout au plus pour s'apercevoir que leur survie dépend uniquement d'un petit appareil qu'ils serrent  entre leurs mains fiévreuses. Ce qu'il y a dedans? Je ne peux le deviner. Peut-être un sérum physiologique au pouvoir régénérateur ...
Pas le temps de me poser d'autres questions du même type. AMMAMALOCCUTO !
Je m'aperçois que la serviette contenant mon ordinateur portable que je tenais serrée entre mes jambes s'est envolée! Les portes s'ouvrent, je bascule sur le quai.
-Ca arrive tous les jours, m'annonce un grand black avec une casquette de baseball sur la tête.
-Ah bon..
-J'aimerai pas être à ta place mec.
-Merci.
Une grosse femme me donne plus d'explications. Elle parle de bandes organisées venant des pays de l'Est.
Je savais bien que Poutine était dans le coup, avec une tête comme la sienne, j'aurai du me méfier.
Dans ma chambre, j'ôte mon casque colonial et délasse mes pataugas. Je suis éreinté, vidé, ruiné.
J'allume la télévision. Toutes les chaines ne parlent que des élections prochaines, pas un mot sur le vol de mon ordinateur.
C'est décidé, demain, expédition  dans ces grands hangars où tous les habitants de cette ville se pressent pour acheter. Il semble qu'une relation voleur-volés se soit établie entre les deux parties.. Je mènerai ma petite enquête. Mais, ça, c'est demain, pour l'instant j'ouvre la fenêtre pour contempler la lune. Impossible. Trop de nuages.
Julius Marx