samedi 1 juin 2013

P

P, comme Playtime de Jacques Tati


Tati est l'archétype de l'artiste. C'est un poète et un créateur qui n'a cessé de converser et de jouer avec le public.
Son Playtime  est un avertissement , un véritable plaidoyer pour un monde qui s'éteint lentement et qui sera remplacé par l'autre monde, celui des néo-libéraux. Un monde uniforme et infâme où le poète sera traité comme un paria. Tati  dit simplement à ses spectateurs : surtout ne perdez pas votre âme et votre particularité pour entrer dans cette société robotisée. Comme Keaton et Chaplin avant lui il se sert de la réalité, mais pour mieux la magnifier. Il ne confond pas progrès et développement, marchandises et  création . Tati ne cherche pas le réel, il l'évite soigneusement.
Côté réalisation, il invente un mode de récit où la caméra est toujours placée en retrait de l'action comme pour permettre à ses spectateurs d'avoir une vision globale de l'ensemble.
Il met au point une vraie bande son qui devient un élément indissociable  du contenu. Chez lui, pas de nappes musicales épaisses comme de la crème à tartiner mais une musique parfaitement adaptée aux scènes.
Les dialogues et les bruitages fictifs, mais tout aussi mélodiques, viennent enfin couronner le travail.
Avec Playtime, Jacques Tati a réinventé le cinéma, juste pour deux heures, deux heures seulement.
Inutile donc de répondre aux imbéciles qui le traitèrent de rétrograde.
Julius Marx

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