Inutile de
verser quelques larmes tardives, Alexandrie n’est plus. Le Quatuor s’est depuis longtemps dissipé dans le vent frais de la
Méditerranée et l’on doit se contenter de promenades, toujours têtes en l’air,
pour y dénicher encore, çà et là, ces petits signes du passé qui excitent tant
notre imagination.
Fort
heureusement, il reste le poisson ! Nous entrons dans un restaurant très
réputé pour son point de vue et sa cuisine raffinée. Nous nous apercevrons plus
tard que le cuisinier ne sait pas cuire la seiche ( ce qui n'arrive jamais dans un restaurant plus populaire). Mais, ce qui nous gêne
vraiment, ce midi-là, c’est encore cette fameuse coutume égyptienne de toujours vouloir laisser la fenêtre ouverte ! Aucun tsunami ne pourra jamais bouleverser
cette fâcheuse habitude. Nous mangeons sans enlever notre manteau, comme la
plupart des clients. Plus tard, alors que nous profitons du soleil sur la
jetée, je m’amuse de la forme des ballons vendus par ce marchand ;
impossible de ne pas faire le rapprochement avec un gros sexe et ses deux
petites boules…Curieux.
Jusqu’ici
plongée dans la somnolence, la citée des chats se réveille au crépuscule avec
les chants des Imans, les bataillons d’oiseaux joueurs, les cris aigus des
enfants. Même le ciel s’y met, réveillant toutes ses couleurs endormies dans
les nuages.
Julius Marx
Photo 1 :
Fragment de tête d’une des deux statues plantée jadis devant le phare, sur
l’île de Pharos.