Un moment j'avais cru qu'il pouvait exister quelque chose comme une idée de Nation qui soit aussi réel qu'un objet, mais j'avais tort. J'avais pas bien regardé cette petite fourmilière puante qu'est la terre. Il y a des frontières, certes, mais elles ne servent qu'à faire gagner de l'argent aux dirigeants, parce qu'ils s'opposent toujours entre eux pour rire, et ils opposent l'intérieur, et l'extérieur, c'est le Mal; ils induisent donc tout le monde de l'intérieur à s'unir derrière eux contre le Mal. C'est comme ça qu'ils restent au pouvoir, les boeufs. La dernière chose qu'il me restait à comprendre pour être un homme libre, je la comprends à cette époque; c'est que les idées ne sont pas réelles. C'est comme les romans. Il n'y a que le Sexe et l'Argent qui sont réels. Et même, avec l'Argent, on a le Sexe, tant qu'on est jeune. Donc, tant qu'on est jeune, et je suis jeune, il n'y a que l'Argent qui est réel.
Confession enregistrée de Henri Butron in
L'affaire N'Gustro Jean Patrick Manchette
Série Noire N°1407
Les idées, il s'agit pas de les aligner et d'attendre, le Mont Blanc en l'air, qu'elles bougent leur popotin. Il faut savoir les faire valser les idées. Peu sont capables d'un tel feu d'artifice, d'un 14 juillet permanent. Une délivrance, c'est ça; une délivrance.
Julius