lundi 30 octobre 2023

Ross





 La rue s'appelait College Circle. Leur demeure faisait partie d'un ensemble de constructions flambant neuves, des bâtisses à portique, de deux étages, soutenus par de gros piliers de bois. Seule leur couleur les différenciait. Celle des Broadhurst était bleu foncé avec une colonnade bleu clair.

Jean entra par la grande porte. Je suivis l'allée qui contournait l'immeuble et constatai que, derrière sa façade imposante, ce n'était qu'une de ces maisons pour dépliants publicitaires, à croire que l'architecte s'était efforcé de combiner la résidence d'un planteur du Sud avec le quartier aux esclaves.

Ross Mac Donald

The Underground Man

(L'homme clandestin)


L'éternel débat : cet homme est-il, oui ou non, le successeur de Chandler? Qu'importe. Je pense néanmoins qu'il manquait  cruellement d'humour et surtout d'une pointe de cynisme.

jeudi 12 octobre 2023

De retour sur l'île-fiction

 




Porto Empédocle.
C'est une ville que l'on a voulu musée, à la mémoire de Camilleri. Un escalier, des bancs publics, et des devantures de restaurants où jamais au grand jamais notre Montalbano n'aurait mis les pieds. 13h
Nous sommes assis à la terrasse d'un café, face à la cathédrale. L'endroit est pratiquement désert à cette heure. Puis, tout d'un coup, nous voyons arriver une longue voiture. Une de ces voitures comme on pouvait en voir dans les feuilletons américains des années 70, d'une longueur impensable. Elle n'en finit pas d'arriver. Elle est si longue qu'on pourrait penser que son pare-chocs arrière est encore au coin de la rue alors que l'avant vient tout juste de s'arrêter devant la cathédrale. C'est un corbillard d'un noir luisant. Elle me fait penser à un bloc de marbre sur des roues. Quelques personnes (surtout des femmes) viennent l'entourer puis, tous ce joli monde glisse dans l'église, sans bruit.
Comme une bourrasque soudaine, notre terrasse se remplit aussitôt d'hommes de tous les âges. Il est bien loin le temps et le cliché du sicilien habillé de noir avec son chapeau vissé sur la tête. Aujourd'hui, la plupart portent des jeans, des baskets colorées et une casquette.
Alors, entourés comme nous sommes, débute inévitablement ce petit jeu du "qui est qui?" que l'on pratique forcément sur cette île.
Qui est celui qui fait le tour des tables et à qui personne n'accorde la plus petite attention?
Et cet autre totalement immobile sur sa chaise qu'aucun quidam n'ose déranger. Celui qui parle plus fort, celui qui ne prononce pas un mot Qui sait ?
Nous partons sans avoir les réponses mais, après tout, nous sommes en Sicile, non?
Julius Marx