dimanche 24 mars 2019

Une lumière crépusculaire





En Sicile, la lumière est, comment dire, crépusculaire. C'est une sorte de lumière, qu'on pourrait qualifier d'excessive et qui appelle à la solitude.
Franco Lecca
Chef-opérateur de la série Montalbano (d'après l'œuvre de Camilleri)
Rai prod.
Photo: Syracuse

La totalité de l'Itw : https://www.youtube.com/watch?v=cQpYh2oLOSI&t=768s

mardi 19 mars 2019

Un cow-boy



Pendant que je parlais au sergent Haskell, un homme était entré dans le bureau, et, immobile près de la porte, contemplait les panneaux de contreplaqué posés par Eddie. La cinquantaine, veste de sport bleu pâle sur un pantalon marron dont le pli était d’un ou deux tons plus clair que le reste. Sa moustache formait deux ailes sous ses narines, comme s’il lui avait donné naissance en éternuant.
L’inconnu s’approcha. Sur le haut de son crâne, presque tous les cheveux avaient disparu. Tout comme une bonne partie de la semelle sur la face externe de ses chaussures. Il n’était pas corpulent, et pourtant il en donnait l’impression. (….) Sans me quitter des yeux, il sourit. Comme beaucoup de flics, Baxter possédait des capacités d’interrogatoire rudimentaires, mélange à parts égales de bluff, de tentatives de séduction et de silence.(….) Son sourire reparut. Ceux de ses cheveux qui avaient quitté la mère patrie du crâne s’étaient débrouillés pour coloniser ses oreilles, d’où ils émergeaient telles des gerbes de blé. Je les imaginai oscillant doucement dans l’air brassé par le ventilateur à l’autre bout de la pièce.(….)Il se leva et rajusta son pantalon brun. Comme affranchi du reste, le pli plus clair tressauta librement, évoquant un passe-fil. (…) Sur un hochement de tête à l’adresse des autres, il s’en alla. Par la fenêtre, nous le vîmes s’arrêter juste devant la porte pour balayer la rue du regard. Un cow-boy à la sortie du saloon, prêt à l’action.


Magnifique caractérisation de personnage du grand James Sallis dans son très philosophique « Salt River »

mercredi 13 mars 2019

Scènes de crime



Le bureau donnait l'impression d'être vide. Il était grand -même pour une salle où travaillait neuf inspecteurs, soit quatre équipes en tandem plus un responsable. Les murs étaient peints en bleu clair, du même bleu que celui des écrans d'ordinateurs en veille. Il n'y avait pas de fenêtre. Aux endroits où il y aurait dû en avoir, on avait apposé des panneaux d'affichage ou accroché de belles photos de scènes de crime encadrées qui remontaient à bien des années. Bosch comprit vite que dans ces clichés en noir et blanc, les photographes avaient souvent fait passer leur talent artistique avant les exigences de l'enquête. On avait beaucoup forcé sur l'ambiance et les ombres. Nombre de détails importants n'étaient guère visibles. Rider avait dû sentir qu'il regardait ces clichés, car elle lui lança:
-On m'a dit que c'est l'écrivain James Ellroy qui les a choisis et les a fait encadrer pour le bureau.

Michael Connelly
Deuil Interdit

Savoureuse, non, cette petite mise au point d'un "travailleur" pour "l'artiste"?

jeudi 7 mars 2019

Clin d'oeil





Vous connaissez certainement ce vers d'Edgard Pöe " ...et les étoiles ne regardent jamais en bas."
Cette nuit, dans une voiture allant de Dahab à Sharm, sur une route transperçant le désert du Sinaï sud, je les observais ces étoiles, justement. Je crois bien n'en avoir jamais vu autant. A décourager un poète ! Le plus fascinant c'est qu'on avait très nettement l'impression de pouvoir les toucher tant elles semblaient  proches. Mais,  dans cette région "interdite" du pays, impossible de faire stopper la voiture sur le bas-côté pour échanger une poignée de main avec les constellations. Malheureusement, j'ai  du me contenter de quelques clins d'œil.
Julius Marx