dimanche 2 juin 2013

Q

Q, comme Quadruppani (Serge)


Cet homme aurait pu largement se contenter d'écrire ses livres. Ses situations et ses personnages parlent pour lui.
Pourtant, il décidé de se montrer, de poursuivre encore le combat.
C'est AUSSI pour cette raison qu'il apparaît dans mon alphabet personnel

Ci-dessous, un article écrit à Abidjan.
"
.Pour résumer brièvement l'épisode précédent,  apprenez que je me suis rendu  à la bibliothèque du centre culturel français et que j'ai opté (grâce à un ange... mais, ceci est une autre histoire) pour une recherche alphabétique des auteurs. Après Isaac Babel, je déniche " La maison de la mort certaine" de Monsieur Albert Cossery, dont je parlerai bientôt. Il mérite vraiment un deuxième article sur ce blog.
Mon bouquin en main, je tombe un peu  par hasard, sur les étagères réservées au roman noir. Curieux cette obsession de l'homme blanc de toujours vouloir mettre le noir de côté. Et puis, quels sont les arguments du responsable-classement? Quelle est réellement la place de chacun? Pourquoi laisser Barbara Machin et Truc Anna aux côtés de Jim Harisson ou Jack London?
-Tu poses trop de questions, me dit mon ange gardien. Donnes ta fiche et rentres chez toi.
En position couchée, je dévore "Le sourire Contenu" et "Je pense donc je nuis" de Serge Quadruppani.
Du Sourire, je donne ici un petit aperçu :
" Tout change quand on s'écarte un peu, par la mer ou par les airs. Au confinement vertigineux succède l'exaltation des horizons délabrés. A quelques encablures, la ville prend l'habit magique des citées emmêlées à la mer par une cartographie de rêve, celle qu'on gribouille, enfant, sur le bord des cahiers. Istanbul, Venise, New-York... Agitation des barques, des cargos, des navires à voile, des pontons remorqués et des transbordeurs bondés: la Corne d'Or. Contraste entre le grouillement de l'Ile principale et la solitude d'autres îles, d'égale superficie: la lagune."
Aux trois villes citées, j'ajoute illico Abidjan. Comme de coutume chez Quadruppani, les descriptions sont  justes et poétiquement modernes. Quant aux personnages, ils sont si attachants que l'on a peine à les voir  se débattre  comme de beaux diables dans un tourbillon continu (probablement le Mistral.)
Bref, c'est du lourd et du solide , comme l'écrirait sans doute un auteur de polar consensuel.
Terminons par une petite anecdote. Les ouvrages de la bibliothèque sont tous annotés. Parmi les emprunteurs, les plus sages soulignent simplement au crayon noir des mots comme triporteur oucamelote ou des adjectifs comme flandrin ou faraud . D'autres, moins soigneux cornent les pages ou se prennent pour des critiques en écrivant directement leurs impressions dans la marge ou entre les lignes. Dans "Je pense donc je nuis", à la page 39,  mon prédécesseur a souligné de deux traits : "à la terrasse de chez Gégèèène, à Joinville-le-Pont, ponpon."
Ah ! Nostalgie..

Merci Serge 
Julius Marx
 Je pense donc je nuis (Fleuve Noir collection @lias n°1)

Le sourire contenu  (Fleuve Noir)


2 commentaires:

  1. Merci, Julius, pour cette délicieuse anecdote. Quant aux compliments, je les prends volontiers, sans vergogne: ça fait toujours du bien.

    RépondreSupprimer
  2. Cela dit, il y a quand même Queneau, ou Quinart… Presque aussi bons que moi… eh eh

    RépondreSupprimer