mercredi 31 janvier 2018

Le Polar Est Amour (31)






Je la regardais en me demandant pourquoi je ne pouvais pas jouer le jeu, lui dire que je l’aimais vraiment et en finir. Mais, moi qui avait tant de fois chanté ces mots, en trois ou quatre langues différentes, je les avais toujours trouvés ridicules et j’avais eu tant de mal à les prononcer.Alors, j’ai senti que je les haïssais, non pas pour ce qu’ils expriment, mais justement pour ce qu’ils n’expriment pas. Ils veulent tout englober, mais ils ne disent pas ce que l’on sent en soi-même, dans son ventre comme ailleurs. Ils laissent entendre que l’on mourrait pour une femme, mais ils cachent la soif que l’on a d’elle, ce besoin d’être simplement auprès d’elle, ou même de savoir qu’elle n’est pas loin…
-Je saurai t’en dire bien davantage, Juana, mais ce n’est pas la peine.
-Eux nous prendre, eux nous tuer.
-Alors, tu veux bien tenter la chance ?
Elle a mis longtemps à me répondre et avant, elle m’a pris la main et l’a pressée.
Puis, elle a levé les yeux et j’ai su que quoi qu’il advienne, tout ça n’était pas du vent. C’était sérieux.
-Oui
James M.Cain
Sérénade

dimanche 21 janvier 2018

Châtillon-Montrouge





Coincé entre l'affiche du dernier thriller "haletant"
et celle d'une poudre à laver "révolutionnaire"
le poète ne bronche pas.
Il sait,
Il sait qu'il sera délogé
un matin brumeux comme ce matin là,
sur le quai du métro 
direction Châtillon-Montrouge,
par un ouvrier déjà fatigué
qui le collera dans une caisse
avec les autres.
Il sait,
il sait que ses mots ne se laisseront pas enfermer.
Julius Marx

mercredi 17 janvier 2018

Carver






Au fil du temps, tout vous lâche sauf l'espoir, puis
lui aussi desserre son étreinte.
Il n'y a pas assez de quoi que ce soit
tant que nous vivons. Mais par intervalles
une douceur surgit et, avec un peu de chance,
s'impose.