samedi 5 juin 2021

La séparation





 Minot, je redoutai déjà le moment fatidique où quelqu'un de la famille allait lancer : "Bon, même les meilleures choses ont une fin!" Pourquoi fallait-il justement que ces instants sublimes que sont les jeux entre gamins cessent subitement parce que les grands l'avait décidé et surtout, pourquoi ces fichus dimanche soir existaient-ils?

Plus tard, j'ai fini par comprendre que les instantanés scintillants de la vie n'étaient que misère face aux obligations et autres servitudes de l'être humain. Manifestement, celui qui l'a compris encore bien plus tard que moi c'est le Maestro Camilleri. Comme la plupart des poètes, cet homme a probablement lutté pendant toute sa vie pour l'abolition totale des dimanches soir.

Réjouissons-nous ! Son dernier roman va faire un  plaisir immense à tous les gamins que nous sommes! Laissant ( volontairement? ) de côté l'intrigue proprement dite, l'auteur malicieux privilégie les personnages si caractéristiques qui ont largement contribué au succès de son oeuvre. 

Augello le Don Juan est encore plus macho et Catarella plus catarellesque que jamais. Fazio n'en finit pas de bougonner, le docteur Pasquano de déblatérer, et Monsieur le Questeur de dire des âneries. N'oublions surtout pas Enzo et Adelina  qui se livre un combat gargantuesque dont l'issue est de savoir qui va faire mourir le premier notre commissaire d'indigestion.

Livia ! Ah Livia ! Jamais, je pense, elle n'aura été si présente. Omniprésence qui vire à l'obsession. Bref, le lecteur a vraiment le sentiment que tout ce joli monde s'est donné rendez-vous pour un dernier adieu.  Mais pourquoi faut-il qu'une petite voix assassine résonne dans ma tête : "Les meilleures choses ont une fin, Julius. Toujours."

Arrêtez de me cassez les couilles !


Julius Marx

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