On frappe, c’est
l’heure !
J’ouvre les
paupières.
Dans notre
chambre d’amis, une seule chaise
avec toutes nos affaires entassées dessus.
Cette nuit,
vaincu, j’ai laissé les moustiques libres de travailler en paix
et la sueur couler lentement sur ma
pomme d’Adam.
Il me reste encore quelques minutes pour réfléchir.
Devant la
fenêtre,
en fixant les herbes folles qui ont colonisé le
jardin,
je me demande ce qui me sépare encore de Raymond Carver
j’opte pour les adjectifs avant de sortir de la chambre.
Tout est
calme dans la maison.
Sous la table de la salle à manger,des fourmis s’occupent
d’un minuscule lézard
écrasé sous le pied d'une chaise.
Dans la
cuisine, la bonne dort, la tête sur le billot,
les bras ballants.
Impossible d’ouvrir
la porte sans qu’elle se mette à grincer
comme une vieille tante acariâtre.
Dehors, je tombe nez à nez avec un chien noir aux yeux couleur d’ardoise.
C’est bien la première fois qu’il m’arrive de croiser un animal
avec deux
rangées de pis sur le ventre et une
quéquette.
Il veut
entrer dans la cuisine, histoire de vérifier si la pitance de ses maîtres
à la
même saveur que la sienne,
je laisse la créature faire ses propres expériences.
Sur le
chemin, les marcheurs se tiennent déjà en ordre serré,
silencieux, nous traversons
la brume pour atteindre l’océan
et son grondement de fauve.
Dans le
cimetière du vieux quartier France, les langues se délient.
Entre les tombes et
les murets écroulés,
chacun déballe son curriculum-vitae.
Quelques photos
antiques ou des bouquets desséchés
émergent encore entre les écharpes de brume.
Quelqu’un me
demande si je veux bien prendre une photo du mouton qui s’est endormi sur cette tombe, là, sur ma droite.
Le soleil décide qu’il va sortir un peu de sa planque.
Au même instant, les chants de l’église
évangélique font fuir de minuscules oiseaux gris et blanc
Quels peuvent bien être les pêchés de ces
hommes et de ces femmes ?
L’océan
gronde toujours.
Julius Marx
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