samedi 3 février 2018

La part sublime de la vie



C’est justement dans la mesure où je porte un amour très grand à des formes du passé- non seulement la grande littérature, non seulement le polar, non seulement le cinéma fier de lui-même, celui de Vidor ou Dovjenko ou cent autres, mais tout l’art, tout de qui pouvait être la part sublime de la vie, et abstraite d’elle,dans d’autres époques- c’est justement dans cette mesure que je n’aime ni l’art moderniste qui veut se rapprocher de la vie, ni les distractions creuses à quoi je collabore faute de mieux, ni la vie elle-même, devenue entièrement misérable.
Ca va s’arranger peut-être. Mais on versera beaucoup de sang. Approchant de la quarantaine, l’idée que beaucoup de sang va être versé, pendant un temps indéterminé, ne m’emplit pas d’enthousiasme.
Sauf quelquefois, la nuit, en rêve.

Jean-Patrick Manchette

Cinématographe n°63
« Le Film noir français »
Décembre 1980

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