La
maison nous est apparue au détour d’un bosquet de hauts arbres qui
la cachait entièrement. C’était le genre d’hôtel particulier
cubique et néo-grec qui faisait fureur dans les années trente. Elle
était éclairée a giorno et,
plantée dans l’encadrement d’une porte-fenêtre ouverte sur un
perron à double révolution, une grande femme brune en robe
d’intérieur rouge nous regardait monter vers elle. Je ne sais pas
trop à quoi je m’attendais. Sans doute à l’idée que je me
faisais de la fille d’un bistroquet du Vieux Nice, une de ces
Niçoises poussées dans le clair-obscur des ruelles et des arcades
et dont la beauté éclatante-et il en fallait pour séduire Jim-a
déjà commencé sa cavale ventre à terre contre le temps. Pour être
franc, j’aurais aimé que ses traits recèlent cette ombre de
vulgarité encore à peine perceptible, ce stigmate en devenir, qui
devait nécessairement couver au fond de l’âme d’une créature
assez cupide pour avoir mis le grappin sur mon pote.
Je
me trompais, bien sûr. Arlette Caviargini épouse Logan était tout
simplement la femme la plus belle qui m’ait
jamais été donné de contempler d’aussi près. Si belle qu’il
m’a fallu un bon moment pour arriver à la regarder et à me servir
de ma tête en même temps.
Patrick
Raynal
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au noir
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