Dénicher un vieux Série Noire (authentique ou pas, je ne suis pas fétichiste) nous plonge souvent dans un état second. Ensuite, vient le texte. Pour celui-ci, j'avais très envie de découvrir ce que donnait un Millar (devenu Ross Mc Donald) de la première époque. A la lecture, je pensai souvent à Manchette qui qualifiait l'homme de "suiveur".Amateur de Chandler, notre ami Ross l'est bien évidemment même si pour cette intrigue (un homme désespéré revient pour venger le meurtre de son père et nettoyer du même coup la ville pourrie) il a plutôt lorgné du côté d'Hammett . Mais, comment ne pas lorgner du côté d'Hammett?Ce qui frappe surtout c'est cette obstination a l'accumulation de métaphores dont certaines un peu border-line comme dirait l'autre, alors que le maître de la Jollia , justement, ne se contentait généralement que d'une seule; une métaphore drôle, cynique, parfois tendre, mais toujours percutante. Malheureusement Ross ne c'est pas concentré uniquement sur les métaphores et accumulant les personnages et les situations complexes, bâclant même les scènes brutales . Et c'est ainsi que nous revenons à Hammett qui a écrit que la plupart de ceux qui ont décidé d'écrire ont la fâcheuse habitude de vouloir trop en faire. On pourrait même ajouter que l'écriture c'est un peu comme la peinture. Le peintre débutant s'embarasse de détails puis plonge dans l'abstraction. De là à penser qu'il existe beaucoup de rédacteurs et très peu d'écrivains il n'y a qu'un pas (allez hop ! Je saute le pas). Le vrai travail (et s'en est un, croyez-moi) consiste à simplifier son texte encore et toujours. Les scénaristes d'Hollywood avaient même pondu une expression qui voulait dire quelque chose comme "tailler dans le gras".
Bon, vous voilà prévenus, amis lecteurs, notre bon Ross risque fort de vous refilez une surdose de cholestérol . Vous me direz que par les temps qui courent, c'est un moindre mal. Mon Dieu, ne devenez pas cyniques!
Julius Marx
Longtemps, je n'ai eu que léger dédain pour le polar, pour lequel on applique une recette de cuisine homicide, un détective, homme ou femme, déprimé(e), solitaire, sans attaches, qui ouvre des boites de conserve le soir avec son chat (peut-être). On applique cette recette à toutes les sauces historiques ou géographiques et généralement la sauce prend un peu, beaucoup. Cela va dépendre de l'écrivain. Mais souvent, l'écrivain se prend à être paresseux et avide de droits d'auteur, car une fois appâté le lecteur, il n'y a plus qu'à appliquer les variations au personnage principal et à le coller sur des meurtres topologiquement différents. bref, de la littérature facile, de détente par la violence. Je préfère donc les auteurs qui introduisent une réflexion sociale, voire politique dans les ingrédients, en évitant les clichés plus évidents.
RépondreSupprimerOui, c'est bien ce qu'est devenu le roman noir. L'autre (l'originel) a été crée à une époque trouble où l'ordre du droit n'était pas bon. son but était de dénoncer la corruption et le pouvoir exercé par des salauds. Il avait donc quelques prétentions sociales. Son père fondateur Dashiel Hammett (comme son personnage de privé) avait encore la notion du bien et du mal. Mais, il savait(toujours comme son pers) qu'il ne pourrait changer le monde; d'où son amertume (sa solitude et son alcoolisme ). Comme l'a écrit Chandler (l'autre père fondateur) " Le roman noir, ce n'est pas uniquement la nuit et les pavés mouillés". C'est hélas ce qu'il est devenu ; un cliché. Mais, c'est somme doute assez logique au vue de la société d'aujourd'hui.
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