lundi 20 octobre 2014

Rome,le Nil, et un écrivain



C’est étrange comme le quartier de Maadi me fait penser aux rues de Rome. Mêmes avenues bordées d’arbres (si l’on excepte les somptueux flamboyants bien entendu) mêmes échoppes ambulantes de marchand de fruits, mêmes stations-services  débordant sur le trottoir, mêmes petits jardins publics que l’on croirait à l’abandon, mêmes policiers vêtus de blanc qui tentent en vain de réglementer un trafic démentiel, et même soleil implacable. Je sais bien qu’aux terrasses de la ville de la  Dolce Vita le promeneur n’a aucune chance de croiser des hommes alanguis occupés à fumer la chicha ni  d’apercevoir de carcasses de moutons ou de boeufs sanguinolentes qui pendent devant les boucheries, mais pourtant…
Le long du Nil  lent et pollué (où l’on ne peut rien écrire, selon Durrell) il peut arriver que quelques marins hardis vous proposent une petite balade en  felouques mais vous avez beaucoup plus de chance de croiser des policiers armés qui vous demandent gentiment de circuler.
L’épicier de notre résidence surveillée ne vend que deux marques d’eau minérale ; l’une de la compagnie Coca-Cola et l’autre de la firme Nestlé.
Dès mon arrivée, mes amis de l’immeuble m’ont vivement recommandé de lire Poil de Cairote de l’écrivain français Paul Fournel, qu’à ma grande honte je ne connaissais pas. De ce bouquin délicieux je livre cet extrait très poétique :

« Aux enterrements, sous les toiles baladis multicolores, on sert le café sans sucre parce que la vie sans le défunt est devenue amère. Pendant quarante jours on se méfie du retour de son âme. C’est le temps qu’il lui faut, en effet, pour passer à travers les différentes douanes du ciel et se fixer pour l’éternité au paradis ou en enfer. Le jour du Quarantième, on fait une nouvelle cérémonie funèbre devant le portrait du mort. Le soir, la famille procède au partage de l’héritage. On peut alors resucrer son café. »
Julius Marx
Extrait du livre Poil de Cairote (Paul Fournel-Point-2007)
Image : Alberto Sordi et Brunella Bovo dans Lo Sceicco Bianco (Federico Fellini-1952)

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