jeudi 7 mai 2015

Pom-Pom girl


A mon réveil, je souffrais beaucoup, mais à cause du coma les médecins avaient des réticences à me mettre sous médicaments. Comme je ne leur lâchais pas la grappe, ils ont fini par me mettre sous morphine. Et j’étais complètement défoncée lorsque ce type s’est pointé. Il était noir, avec un visage rond. Assis sur un fauteuil, près de la fenêtre, il me regardait.

-Qu’est-ce qui vous a laissé croire qu’il n’existait pas pour de vrai ?

La façon dont il était vêtu. Il portait un uniforme de pom-pom girl : une jupe à carreaux roses, un pull rose sur lequel était inscrit au niveau de la poitrine OMF, des pompons roses, ainsi qu’une espèce de perruque-une perruque en nylon, pareille à un balai à franges roses avec des nattes.

-Effectivement, ça semble quelque peu étrange. Quoique à San-Francisco…
…..///….

Il a secoué son pompon d’un air accusateur.
-Vous aviez une vie. Nous espérions que vous en feriez quelque chose.
-Génial, ai-je dit. Vous venez donc pour m’apprendre que vous n’êtes qu’un prix de consolation ?
Il rit de nouveau.
-Décidément, cet esprit me plaît. Je…nous aurions grand besoin de cet esprit. Donc, en fait, la question c’est : Auriez-vous envie de nous en faire profiter ? Etes-vous prête à faire partie des rares ?
-Vous savez pertinemment que oui.
-Dans ce cas, très bien… Demain soir, entre 19 heures et 19h15, vous vous rendrez au dernier étage de ce bâtiment. Vous prendrez à gauche en sortant de l’ascenseur, et rechercherez une porte où figure l’inscription Salle d’examen n°1. Si vous venez en avance ou débarquez trop tard, la pièce sera vide. Mais si vous êtes à l’heure, vous y rencontrerez un homme qui s’appelle Robert True, il vous indiquera la marche à suivre.
C’était tout ce qu’il avait à me dire, mais il restait là, à m’observer en souriant.
-Allez-y, a-t-il fini par dire. Posez-moi la question.
-D’accord. Pourquoi êtes-vous déguisé en pom-pom girl ?
-Savez-vous ce qu’est une clause de confidentialité, Jane ?  Cette tenue a la même fonction. Que croiriez-vous qu’il se passerait si vous racontiez notre conversation au personnel hospitalier ?
-Il me sucrerait la morphine.
-Vous avez tout compris, dit-il, en me faisant un clin d’œil.

Matt Ruff
(Bad Monkeys)

10/18

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