A mon
réveil, je souffrais beaucoup, mais à cause du coma les médecins avaient des
réticences à me mettre sous médicaments. Comme je ne leur lâchais pas la
grappe, ils ont fini par me mettre sous morphine. Et j’étais complètement défoncée
lorsque ce type s’est pointé. Il était
noir, avec un visage rond. Assis sur un fauteuil, près de la fenêtre, il me
regardait.
-Qu’est-ce
qui vous a laissé croire qu’il n’existait pas pour de vrai ?
La façon
dont il était vêtu. Il portait un uniforme de pom-pom girl : une jupe à
carreaux roses, un pull rose sur lequel était inscrit au niveau de la poitrine
OMF, des pompons roses, ainsi qu’une espèce de perruque-une perruque en nylon,
pareille à un balai à franges roses avec des nattes.
-Effectivement,
ça semble quelque peu étrange. Quoique à San-Francisco…
…..///….
Il a secoué
son pompon d’un air accusateur.
-Vous aviez
une vie. Nous espérions que vous en feriez quelque chose.
-Génial,
ai-je dit. Vous venez donc pour m’apprendre que vous n’êtes qu’un prix de
consolation ?
Il rit de
nouveau.
-Décidément,
cet esprit me plaît. Je…nous aurions grand besoin de cet esprit. Donc, en fait,
la question c’est : Auriez-vous envie de nous en faire profiter ?
Etes-vous prête à faire partie des rares ?
-Vous savez
pertinemment que oui.
-Dans ce
cas, très bien… Demain soir, entre 19 heures et 19h15, vous vous rendrez au
dernier étage de ce bâtiment. Vous prendrez à gauche en sortant de l’ascenseur,
et rechercherez une porte où figure l’inscription Salle d’examen n°1. Si vous
venez en avance ou débarquez trop tard, la pièce sera vide. Mais si vous êtes à
l’heure, vous y rencontrerez un homme qui s’appelle Robert True, il vous
indiquera la marche à suivre.
C’était tout
ce qu’il avait à me dire, mais il restait là, à m’observer en souriant.
-Allez-y,
a-t-il fini par dire. Posez-moi la question.
-D’accord. Pourquoi
êtes-vous déguisé en pom-pom girl ?
-Savez-vous
ce qu’est une clause de confidentialité, Jane ? Cette tenue a la même fonction. Que
croiriez-vous qu’il se passerait si vous racontiez notre conversation au
personnel hospitalier ?
-Il me
sucrerait la morphine.
-Vous avez
tout compris, dit-il, en me faisant un clin d’œil.
Matt
Ruff
(Bad
Monkeys)
10/18
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