jeudi 22 juillet 2021

La disparition des couleurs vives

 





Nous sommes appuyés au parapet de la terrasse pour les visiteurs, face au soleil, tournant le dos à Pinchacha où se découpent en vert vif les parcelles indiennes plantées de maïs, de luzerne, de haricots ou de pommes de terre; plus loin en contrebas des bosquets eucalyptus luisent du même vert argenté que les oliviers; et, au-dessus, près du pic qui domine Quito, encastré dans la montagne, brille la grande croix métallique d'un appareil militaire, égaré un jour dans le brouillard. Devant nous s'étend la piste avec en son milieu une bosse, l'échine cagneuse d'un chien.

De nos jours, c'est le grondement des réacteurs qui annonce le départ et qui proclame, méprisant, la disparition  des couleurs vives dont l'imagination revêtait les capitales lointaines, toutes soumises à ce phénomène de "médiocrisation". Voilà tout au moins ce que je ressens avant le début du voyage et je n'éprouve que du ressentiment à l'égard de ces cigares obèses en aluminium qui ont effacé l'aura romanesques des terres lointaines et réduit le monde à la taille d'une citrouille.

Moritz Thomsen

Le plaisir le plus triste


Difficile (très difficile même) de choisir un extrait du grand Moritz Thomsen tant son oeuvre est multiforme. Dans ce livre là, les récits de voyages font naître des souvenirs de jeunesse  qui peuvent s'achever en pure fiction. Une pure beauté d'une poésie rare.

Pour tout savoir sur cet écrivain américain pour le moins singulier je conseille le livre de Philippe Garnier "Maquis". 

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