Notre
immeuble est planté dans le sable, comme les pyramides toutes proches, mais
depuis moins longtemps. Aussi loin que porte l’œil, on ne voit que du sable et
des cubes empilés... des petits, des grands; un vrai jeu de construction pour gosses de riches.
La résidence
est totalement sécurisée mais les maisons sont bien loin d’être toutes
achevées. A certains cubes, il manque des fenêtres, à d'autres, les escaliers pour accéder aux étages supérieurs. De très longs boulevards hérissés de réverbères rococos, d’arbres
chétifs et, à chaque carrefour, des guérites délabrées comme des vieilles boites de fer
blanc quadrillent le territoire. Un vrai décor de cinéma, là, dans le sable, à deux pas du désert, à
une trentaine de kilomètres du Caire. Les promoteurs l’ont même appelé Berverly Hills, pensez donc ! J’étais venu avec un mince espoir de retrouver l'univers de Durell ou de Cossery, je suis tombé dans le monde dystopique de HG Wells et d’Orwell (J’ai appris cet adjectif grâce à la prof de
français qui habite au rez-de-chaussée.) Pourtant, pas de quoi se
plaindre ; venant d’Abidjan, nous sommes passés de l’ombre à la lumière.
Je suis très
occupé à observer une colonie de huppes qui picore les huit mètres carrés de gazon anglais vert tendre, devant
la baie vitrée du seul couple égyptien de l’immeuble. Hier après-midi, j’ai vu
un faucon, ou un aigle peut-être, il faudra que je demande au locataire du second (ce type connait le
nom de tous les oiseaux de la
planète !) J’aime me tenir debout, devant ma grande fenêtre et
profiter du spectacle.
Les pipistrelles sortent entre cinq heures et demie et six heures. Et les voilà qui tourbillonnent entre les blocs d'immeubles. Je n’ai rien lu depuis plusieurs
semaines. La femme du spécialiste des oiseaux m’a prêté un livre de Harlan
Coben. J’ai trouvé ça si consternant que je suis retourné illico à ma fenêtre.
Il faudra que je pose un rideau.
On frappe.
Un ouvrier enturbanné me fait admirer son large sourire qui découvre ses quatre dents. Il me propose
de faire un trou dans ma porte pour y poser un Judas. J’ai bien envie de lui
parler de l’incongruité de la chose mais je renonce.
Quand je
referme la porte, il sourit toujours.
Retour à la
fenêtre.
Le jour va bientôt tomber, mon quart d'heure préféré.
Julius Marx
Chère Elise,
RépondreSupprimerMon mail est hors d'usage pour le moment. Heureusement, les commentaires arrivent toujours. Je profite donc de celui-ci pour vous remercier encore de votre fidélité. Ici, au Caire, tant de choses à raconter encore.
Amitiés
Julius
patrice, je lis avec joie que vous avez quittés la côte d'Ivoire pour le Caire. une nouvelle pages se tourne encore!
RépondreSupprimerVielo
Eh oui, Mr Vielo. Et j'ai même Skype depuis hier soir ! A +
Supprimersuper mec, enfin je vais pouvoir t'entendre, et il faudra discuter de nina parce
RépondreSupprimerque je suis sur la fin de mes livres et je pense que nina demande à être adaptée en BD . a voir....