1894. Pierre
Loti fuit Le Caire, ses anglais en vareuses et casques coloniaux et ses « régiments de touristes » !
"Vers le
soir, nous entrons dans une région semée, à perte de vue, de maigres genêts ;
sorte de triste jardin sans limites visibles,-et le vent, qui se lève, le
couvre et l’embrume d’une fine poussière de sable.
Toujours
plus fort, ce vent que rien n’arrête. A la lumière mourante, on ne voit plus
les choses qu’au travers de cet étrange nuage jaune, d’une transparence livide.
Nos tentes, qui apparaissent là-bas, s’exagèrent dans le lointain, au milieu de
l’immensité nue, prennent dans cette buée de sable des proportions de pyramides-
et nos chameaux porteurs, qui errent alentour broutant des genêts, semblent des
bêtes géantes qui mangeraient des arbres, aux dernières lueurs pâles du
couchant.
Par grand
vent, qui agite nos tentes avec un bruit de voilure de navire, nous nous
arrêtons là pour la nuit, en ce point quelconque de la solitude infinie."
Pierre
Loti
Le Désert (Christian Pirot-2001)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire