mardi 7 avril 2015

Terres ouvertes



Elle est franchement marine, leur manière de s’offrir en tanguant.
Les vaches constellent une prairie en pente douce
Comme les palangres  à saumon une houle charnue et, çà et là,
des canards prennent un envol sans cap précis.
Tout comme l’eau, elles sont ouvertes aux suggestions,
au héron électrique et à chaque malin courant d’herbe lunaire.
Laisse-moi deviner :
quand tu répares le cerveau blessé d’un enfant battu,
quand tu apportes à un malade des nouvelles irrémédiables,
il te faut une fenêtre, et non un mur, comme recours.
Alors, tu reviens ici,
là où le terrain a la manière de s’étendre,
où l’ombre d’un nuage se traîne comme un cargo,
sans pensée d’escale ni capitaine,
sur des cartes archifausses.
Richard Hugo

(White Center, 1980)

1 commentaire:

  1. Ça faisait un moment que je n'étais pas passé par chez toi, et je me dis: comment ai-je pu laisser passer tant de temps? Aucun exploit? Mais si, des bouts de vie si justement découpés! Salut, l'ami, tu as vraiment du talent, il faudra envisager de publier sur papier…

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