A la fin de l’été dernier, assis
sur un banc devant ce snack lors d’un après-midi caniculaire, il reluquait huit
pom-pom girls légèrement vêtues qui répétaient leurs mouvements. Il aurait dû
se sentir gêné, mais ce n’était pas le cas. Il vivait une expérience trop forte
pour penser à partir sur-le-champ. Un temps, Janis Joplin avait été sa
chanteuse préférée, et il repensa à sa chanson, Get it while you can, « profites-en
tant que tu peux ». Quand elles partirent, l’une d’elles agita la main
vers lui et il eut du mal à comprendre le sens de ce geste. Il ne signifiait peut-être
rien. Elle connaissait probablement la lubricité des vieux, mais c’était
louche. Peut-être était-elle tout simplement sympa ? Au lycée, deux des
quatre pom-pom girls étaient de superbes salopes qui voulaient se marier au
plus vite, alors que les deux autres étaient de vraies saintes nitouches tout
aussi désireuses de convoler le plus rapidement possible. Quand il les revit
quelques années plus tard, elles lui firent l’impression d’avoir mangé trop de
pancakes après la messe, selon une tradition qu’on ne saurait enfreindre. Aucun
de leurs époux n’avait réussi, pourtant toutes restèrent mariées et eurent
beaucoup d’enfants.
Jim Harrison
The Big Seven
(Péchés capitaux)
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