samedi 31 octobre 2020

Un grand rêve d'envapé





Ce fut un grand rêve d'envapé.
Lorna exécutait son tour de chant au Palladium d'Hollywood, complétement nue, soutenue par un orchestre cent pour cent exotique-de gigantesques Noirs en costume de l'Oncle Sam tressés de strass et de paillettes. Elle baisait l'espace; elle faisait gicler la sueur, elle tétait la pomme du microphone.
Roosevelt, Hitler, Staline et Hirohito firent leur entrée en litière; ils s'évanouirent à ses pieds lorsque Lorna attaqua Someone to Watch Over Me. La guerre éclata sur l'estrade d'orchestre: des cinglés de bougnoules se mirent à se tabasser à coups de trombone à coulisse et de clarinette. C'était de toute évidence une diversion. Hitler bondit sur scène et essaya d'enlever Lorna pour la transporter jusqu'à un U-boat nazi garé au premier rang. Je défis le Führer, en l'attrapant par la moustache pour l'envoyer voler jusqu'à Sunset Boulevard. Lorna s'évanouissait dans mes bras lorsque je sentis qu'on me secouait: j'ouvris les yeux et vis Bob Murikami au-dessus de moi, qui me disait:
-Debout et haut les cœurs, flicard. C'est l'heure de passer à la caisse.

James Ellroy
Torch Number
(Coup de passion)

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