mardi 17 janvier 2012

Hellhound on My Trail


Bob Dylan est un des poètes les plus important du vingtième siècle, c'est indéniable.
Alors, en ouvrant Chroniques, je m'attendais à trouver de bonnes petites lignes de poésie symboliste ou de parfaits chapitres d'écriture systématique , dans la veine de Tarentula, bouquin  acheté à l'adolescence et vite abandonné sur une étagère de ma bibliothèque pour n'être repêché que beaucoup plus tard. Mais, comme Dylan ne fait jamais vraiment ce qu'on attend de lui, Chroniques n'est absolument pas cela. Ici, le maître se contente de raconter. C'est le récit d'un type qui se veut simple et qui ne revendique aucun titre et surtout pas celui d'idole ou de prophète. Un homme qui aime  la nature, faire ses courses au super-marché, regarder la télévision et cuisiner des pancakes.
Alors, désolant ?
Surement pas, car la poésie est bien présente et avec elle:  l'Amérique toute entière. La liste des personnages rencontrés ou simplement cités est plus longue encore que celle des figurants de Gone with the Wind. Il est bien entendu question de sa filiation avec Woody Guthrie mais aussi et surtout de rencontres qui ont façonnées son existence. Lisez ce qu'il écrit par exemple sur Johnny Cash :
"Les disques de Johnny Cash ne faisaient pas exception, pourtant il ne fallait pas s'y fier. Il n'avait pas une voix perçante, mais il mettait par terre  dix mille ans de culture. Il aurait pu habiter les cavernes. Il chante avec le feu à ses pieds, ou enfoncé dans la neige, dans une forêt hantée, à corps perdu, mais de sang froid - bien conscient du danger. "Je surveille de très près ce coeur qui est le mien". Certes. J'ai dû me réciter ce vers un million de fois. Sa voix était si imposante que le monde rétrécissait."
"La première fois que j'ai entendu I Walk the Line , il y a tant d'années, c'était comme si on me demandait :" qu'est-ce que tu fous là, gamin?" J'essayai surtout de garder les yeux ouverts.
Puis à propos du grand Robert Johnson : "Des Allemands l'avait filmé à la fin des années 30, par un après-midi ensoleillé , à Ruleville dans le Mississippi. Il ne donne pas l'impression d'une statue de pierre, ni de quelqu'un de particulièrement émotif . On dirait presque un enfant , une figure d'ange, innocente au possible. Il porte un tricot de toile, un bleu de travail et une drôle de casquette dorée, comme celle du petit lord Fauntleroy. L'antithèse d'un homme poursuivi par les chiens de l'enfer(1). Il paraît imperméable aux frayeurs de l'humanité et, incrédule, on n'arrive pas à détacher ses yeux de son visage."
Vous l'avez compris, ce premier tome des Chroniques se lit à la vitesse  d'une vieille Buick lancée sur la highway 61.
Julius Marx
-Bob Dylan (Chroniques-Folio-Tome 1)
(1) Hellhound on My Trail , blues de R. Johnson.

1 commentaire:

  1. C est une bonne critique de cet ouvrage qui se dévore.Robert Johnson filmé?Jamais vu ,on ne connais de lui que deux photos!Vous connaissez peut etre ce titre de Dylan par Burdon : http://www.youtube.com/watch?v=pC4o7vHw1Fo

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