jeudi 5 janvier 2012

Leroy voit rouge


Dans "Le Bloc " Jérôme Leroy a serré deux personnages.Il leur a collé une grosse lampe en pleine poire et  leur a conseillé de passer à confesse. Ensuite, un inspecteur stagiaire est descendu  acheter des sandwichs et du vin au Rendez-vous du Rouergue, le café d'en bas et Jérôme Leroy a branché son magnéto à cassette.
Les deux prévenus passent à table. Ils sont aidés dans leur soliloque par leur conscience. Ils nous racontent comment et pourquoi ils sont entrés (du pied gauche, ça porte bonheur paraît-il) dans le mouvement du Bloc Patriotique. Ce récit à quatre mains est aussi structuré, poignant et sans concession que celui de Zeno.
Jérôme Leroy  est un écrivain de l'âme. 
Il n'est pas dans le vent comme on l'écrivait dans le monde d'avant. Il ne privilégie pas l'intrigue aux dépends des personnages. Des deux hommes, il dessine un portrait robot. Son coup de crayon est digne du spécialiste du  commissariat du 87ème  District dont le nom m'échappe.
Peu à peu, les deux modèles finissent par ressembler pour l'un ( l'intellectuel) à un autoportrait d'Egon Schiele et pour l'autre (l'homme du peuple) à Figure avec quartier de viande de Francis Bacon.
(Il faut noter,c'est important, que Jérôme Leroy n'a jamais levé la main sur eux pour obtenir ces révélations.)
L'intellectuel  se lâche .Il nous parle de sexe, de son film préféré et de sa bibliothèque  où les livres sont regroupés à l'extrême droite de l'étagère. L'autre préfère collectionner les bibelots comme la grenade dont il ne se sépare jamais et les conquêtes masculines.
L'inspecteur stagiaire ricane. Leroy le fiche dehors.
Pendant ce temps là, à la télévision, on voit des images d'émeutes urbaines avec, en haut de l'image le nombre de victimes qui défile, comme celui du CAC 40 sur les chaînes d'informations continues.
Mais, comme l'écrit Bob Dylan ; ce n'est pas de l'engagement politique, c'est de la rébellion.
Curieusement ces deux récits me font penser à Une poire pour la soif de James Ross  où le personnage principal pendant la grande dépression de 1929  raconte comment il a tenté de se sortir de la misère. C'est aussi implacable et violent.
Bon, Leroy a obtenu des aveux complets mais il ne semble pas totalement satisfait. Il ronchonne en fixant la bouteille vide de Vacqueyras sur le bureau, devant lui.
La nuit tombe. Sur l'écran, le compteur des victimes s'affole.
Julius Marx
-Le Bloc  Jérôme Leroy -(Gallimard Série noire)
-La conscience de Zeno  Italo Svevo ( Poche)
-Une poire pour la soif  James Ross ( Gallimard Série noire )
-Bob Dylan Chroniques (Folio)

2 commentaires:

  1. Carrela,steve je crois ,le nom de l inspecteur,qui vous écHappe,si je puis dire.

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  2. Non,cher anonyme, je parle du spécialiste des portraits robots qui officie dans le commissariat du 87 éme.
    Merci de votre intérêt. Je recherche activement son nom.

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