vendredi 18 octobre 2013

De l'influence de la sandalette....

De l'influence de la sandalette sur le comportement des cambrioleurs.


Sous nos contrées les questions d'insécurité sont également au premier plan des préoccupations des habitants.
Ainsi, au petit matin, devant les maisons de notre paisible village, il n'est pas rare d'entendre les conversations, après les traditionnels échanges sur la santé et les conditions météorologiques, s'orienter vers la rubrique des faits divers.
Ce matin, mon propriétaire, une sandalette à la main, discute avec notre voisin. Il se sert de la sandalette pour désigner le balcon le plus proche de sa grande et belle volière. J'apprends que c'est depuis ce balcon justement que le voleur s'est introduit la nuit précédente dans le jardin pour dérober un faisan mâle. Le propriétaire nous montre les plumes sur le sol  en soupirant. Puis, il reconstitue pas à pas le parcours de l'intrus (on se croirait dans les premières minutes d'un épisode d'une série judiciaire).
Le voleur, surpris par l'intrusion du voisin sur le balcon, s'est carapaté à toute vitesse, ne laissant pour seul indice sur le sol, près de la volière, qu'une sandalette.
A en juger par la taille de la sandalette  (au moins du 45) le voleur devait être un solide gaillard.
Ma première question (question typique d'européen) est:  pourquoi voler un faisan ; pour le manger?
-Pas du tout! répond mon propriétaire. C'est uniquement pour le revendre. Un bon mâle reproducteur coûte en ce moment sur le marché du volatile de luxe, entre trois et quatre cent dinars (200 euros).
Puis, mon propriétaire, la sandalette toujours à la main, me conduit chez un de ses cousins, victime lui aussi la nuit précédente, d'une tentative d'effraction. L'homme nous montre la fenêtre fracturée de sa salle de bains, dénigrant au passage : le nouveau gouvernement, la jeunesse tunisienne dans son ensemble et celle encore plus vicieuse et corrompue des pays limitrophes.
Je m'aperçois qu'il tient lui aussi une sandalette (d'une taille plus raisonnable) à la main.
-C'est tout ce qu'il m'a laissé ! annonce l'homme en brandissant la sandalette au-dessus de sa tête comme une arme.
J'abandonne les deux parents, très occupés à comparer leur deux sandalettes usées et rafistolées.
Sur le chemin du retour, l'autre question qui me vient à l'esprit (encore une question d'européen) est : mais que fait la police?
Que voulez-vous qu'elle fasse ? Ici, tout le monde porte des sandalettes.
Julius Marx

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire