samedi 10 mai 2014

De quoi rêver...

"Il y aurait une anthologie à faire avec les premiers et les derniers paragraphes de polars. De quoi rêver à ce qui se passe entre les deux". (J.P Manchette- Chroniques)

Anna Halsey, c'est cent dix kilos de femme quadragénaire, sanglés dans un tailleur noir strict, un visage blet, des yeux en boutons de bottines noirs et des joues qui font penser à de la graisse de rognon, tant pour la douceur que pour la teinte. Elle était assise derrière un bureau noir vitré qui ressemblait au tombeau de Napoléon, et elle fumait une cigarette emmanchée dans un machin noir un peu plus court qu'un parapluie roulé.
-J'ai besoin d'un homme, dit-elle.




Marty Estel me téléphona quatre fois pour me dire de ne pas toucher à Diane Harriet. J'avais un peu pitié de ce pauvre gars. Il était salement pincé. Je suis sorti deux fois avec elle et je suis allé deux fois  la voir chez elle, à boire son whisky. C'était agréable, mais je n'avais ni l'argent, ni les costumes, ni le temps, ni les bonnes manières qu'il aurait fallu. Puis elle a quitté l'El Milano, et on m'a dit qu'elle était partie pour New-York.
J'étais content qu'elle parte- bien qu'elle n'ait pas pris la peine de me dire au revoir.
Raymond Chandler
Trouble is my business
Dime Detective Magazine
Avril 1939
Image : Gloria Grahame et Glenn Ford in Big Heat (Fritz Lang-1953)

2 commentaires:

  1. 110 kg ou 110 livres, une grosse dame alors... Tu vas me dire on s'en fout, mais non, j'insiste...Celle qui ramasse des cailloux

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  2. Non, c'est bien une grosse dame.
    Celui qui s'est débarrassé des cailloux.

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