"J'aime lire allongée sur un canapé, mais ceci n'est pas une profession, hélas." Fran Lebowitz
mercredi 25 juin 2014
Loterie
Pourquoi chercher à le nier, Rabbi Marshak va bientôt mourir. Le teint livide, les yeux rougis, il n'est plus que l'ombre de lui-même et nous savons tous ce que ces symptômes signifient. S'il a toujours entretenu de bonnes relations avec ses sujets, ce n'est pourtant pas pour ses conseils avisés qu'il restera dans la mémoire collective de sa cité mais plutôt pour l' histoire singulière que je vais vous raconter maintenant.
Depuis son plus jeune âge, Rabbi Marshak n'avait qu'une seule obsession : gagner à la loterie.
Alors, grâce aux relations toutes particulières qu'il pensait entretenir avec le divin, il avait pris l'étonnante habitude de s'adresser directement à son créateur.Chaque soir avant de s'endormir, il levait la tête vers le plafond et murmurait :
- S'il te plaît, Yahvé, fais-moi gagner à la loterie..
Puis, comme le plafond restait muet, il poussait un long soupir et se couchait.
Cette curieuse scène sans rebondissement ni conclusion, digne d'un film d'auteur français, s'est précisément achevée hier soir.
A peine Rabbi Marshak avait-il prononcé la fameuse formule qu'une voix caverneuse sortie des poutres tonnait :
-Rabbi Marshak , quand vas-tu me laisser en paix ? Si tu veux gagner à la loterie, il faut jouer!
Julius Marx
Image : Alan Mandell le véritable Rabbi Marshak du film A serious Man des frères Coen.
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