"J'aime lire allongée sur un canapé, mais ceci n'est pas une profession, hélas." Fran Lebowitz
mardi 10 juin 2014
Pourquoi?
La vie se résume parfois à une histoire de café, et au peu d'intimité qu'une tasse de café peut créer. J'ai lu une fois quelque chose sur le café. Ca disait : le café, c'est la santé; il stimule tous les organes.
Sur le coup, j'ai pensé que c'était là une façon assez bizarre de tourner les choses, et pas vraiment agréable, mais avec le temps, j'ai découvert qu'il y a pas mal de vrai là-dessous, d'une certaine façon.
Je m'explique.
Hier matin, je suis allé voir une fille. Je l'aime bien, cette fille. Ce qu'il y a pu y avoir entre nous, c'est du passé. Elle se fiche pas mal de moi. J'ai tout gâché, et je le regrette.
J'ai sonné à la porte, et j'ai attendu, sur les marches. Je l'entendais bouger à l'étage. A sa façon de bouger, je savais qu'elle était en train de se lever. Je l'avais réveillée.
Puis elle est descendue. Elle s'approchait. Je le sentais au creux de l'estomac. Chaque pas qu'elle faisait me remuait en dedans, et menait indirectement au moment où elle allait ouvrir la porte. Alors, elle m'a vu , et cela ne lui a pas fait plaisir.
Il fut un temps, ça lui faisait très plaisir; la semaine dernière. Je me demande où tout a fichu le camp; je fais semblant d'être naïf.
-Je ne suis pas dans mon assiette, a-t-elle dit, je n'ai pas envie de parler.
-Je voudrais une tasse de café,ai-je dit, parce que c'était bien la dernière chose au monde dont j'avais envie. A la façon dont j'ai dit cela, c'était comme si je lui lisais un télégramme de quelqu'un d'autre, quelqu'un qui voulait vraiment une tasse de café, qui se fichait de tout le reste.
-Bon, très bien, dit-elle.
J'ai monté les marches derrière elle. C'était ridicule.
Elle venait de s'habiller. Les vêtements ne s'étaient pas absolument faits à son corps. Je pourrais vous parler de son cul. Nous sommes entrés dans la cuisine.
Elle a pris un pot de café soluble sur une étagère et l'a posé sur la table. Elle a mis une tasse à côté et une cuillère. Je les ai regardés. Elle a mis une casserole pleine d'eau sur le gaz, et a allumé dessous.
Pendant tout ce temps, elle n'a pas dit une seul mot. Ses vêtements se faisaient à son corps. Moi pas.
Elle est sortie de la cuisine. Puis elle est descendue, et elle est sortie pour voir si elle avait du courrier.
Je ne me rappelais pas en avoir vu. Elle est remontée et est entrée dans une autre pièce. Elle a refermé la porte derrière elle. J'ai regardé la casserole pleine d'eau sur le gaz.
Je savais qu'il faudrait un an avant que l'eau ne se mette à bouillir. On était en octobre, et il y avait trop d'eau dans la casserole.
Richard Brautigan
Café
(La vengeance de la pelouse)
Pourquoi? Comment?
Des questions, toujours...
Pourquoi relire Brautigan me donne inévitablement l' envie de m'assurer que mes amis sont toujours bien vivants.
Des questions, toujours..
Des trucs qui me passent par la tête..
Comment peut-on être président d'honneur au front national?
Et surtout, pourquoi le sourire de Valeria Ciangottini me colle cette fichue nostalgie?
Julius Marx
Image : Valeria Ciangottini dans la Dolce Vita
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