Dans ma rue des sourds-muets, tranquillement assis sur le petit
muret devant la mosquée, je cherche un
adjectif qui collerait parfaitement à la rue du Caire. Dans la palette des villes du monde, il est sûr qu’elle est beaucoup plus bruyante qu’une rue parisienne. Elle n’en
finit pas d’avertir, de rugir, de gronder. Elle est aussi nettement moins
propre qu’une avenue de Lausanne ou
Genève, c'est évident. Mais, comme l’a écrit Voltaire : « le voyageur ne voit que la
façade ». Alors, pourquoi pas fourmillante, aussi fourmillante qu’une
allée du Rome de la Dolce Vita ? Avec un ton au-dessus, bien entendu…
Si elle reste encore si difficile à cerner, c’est parce que, constamment
agitée, elle n’en fait qu’à sa tête. Alors, pour celui qui aime à contempler,
le spectacle est permanent et souvent déroutant. Si le "pittoresque" s'affiche tout de suite, il faut chercher plus loin, attendre un peu... Il n’y a qu’à s’asseoir et la parade peut débuter.
Une femme voilée et son soupirant. Pas de quoi en rester bouche bée.
Pourtant, combien de femmes voilées portent un tee-shirt « Punks not
dead ? »
Un adolescent équilibriste sur son vélo rouillé. Sur sa tête, une
pyramide de pains ronds. Comment fait-il pour se faufiler ainsi entre les
colonnes de voitures, sans frein, en glissant juste sa vieille savate sur le
pneu usé ?
Un homme, maintenant : Sur son épaule, un A. Probablement le A
décroché d’une enseigne… Mais, pourquoi vouloir tout expliquer ?
J’attends… Ah ! Voici le B ! Plus petit, pas la lettre, mais l’homme
qui la porte. Lui, semble peiner sous le
poids. Il souffle, grimace. Et puis, il se passe un long moment.
Pas le temps d’attendre la suite
de l’alphabet, voici mon bus.
Julius Marx
Le Caire- Juin 2015
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