samedi 13 juin 2015

Parade



Dans ma rue des sourds-muets, tranquillement assis sur le petit muret devant la mosquée, je cherche  un adjectif qui collerait parfaitement à la rue du Caire.  Dans la palette des villes du monde, il est sûr qu’elle est beaucoup plus bruyante qu’une rue parisienne. Elle n’en finit pas d’avertir, de rugir, de gronder. Elle est aussi nettement moins propre qu’une avenue  de Lausanne ou Genève, c'est évident. Mais, comme l’a écrit Voltaire : « le voyageur ne voit que la façade ». Alors, pourquoi pas fourmillante, aussi fourmillante qu’une allée du Rome de la Dolce Vita ? Avec un ton au-dessus, bien entendu…
Si elle reste encore si difficile à cerner, c’est parce que, constamment agitée, elle n’en fait qu’à sa tête. Alors, pour celui qui aime à contempler, le spectacle est permanent et souvent déroutant. Si le "pittoresque" s'affiche tout de suite, il faut chercher plus loin, attendre un peu...  Il n’y a qu’à s’asseoir et la parade peut débuter.
Une femme voilée et son soupirant. Pas de quoi en rester bouche bée. Pourtant, combien de femmes voilées portent un tee-shirt « Punks not dead ? »
Un adolescent équilibriste sur son vélo rouillé. Sur sa tête, une pyramide de pains ronds. Comment fait-il pour se faufiler ainsi entre les colonnes de voitures, sans frein, en glissant juste sa vieille savate sur le pneu usé ?
Un homme, maintenant : Sur son épaule, un A. Probablement le A décroché d’une enseigne… Mais, pourquoi vouloir tout expliquer ? J’attends… Ah ! Voici le B ! Plus petit, pas la lettre, mais l’homme qui la porte.  Lui, semble peiner sous le poids. Il souffle, grimace. Et puis, il se passe un long moment.

Pas le temps d’attendre la suite  de l’alphabet, voici mon bus.
Julius Marx
Le Caire- Juin 2015

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