mercredi 23 décembre 2015

Critique évolutive





Attention, grâce à la formidable liberté offerte par le blog, vous lisez une des premières (peut-être même la première, les informations me manquent)  critique évolutive. Dans le post précédent, je vous parlais des premiers chapitres du roman noir Soleil noir de Patrick Pécherot.  Me voici maintenant arrivé au trois-quarts du bouquin. Il me semble que l'auteur s'éloigne de son intrigue en se glissant peu à peu dans la peau du Georges Perec de Je me souviens.

"Dehors, la rue aligne ses murs gris et ses boutiques à vendre. Elles le sont depuis tant d'années que la plus minable des agences immobilières ne perdrait pas son temps à chercher leur dossier. Si toutefois il lui restait un employé assez vieux pour se souvenir du bled. Quand la ville avait rattrapé la campagne à tonton, ses chemins creux recouverts de bitume, elle était devenue faubourg. Les lauriers coupés, nous n'irions plus au bois, l'usine l'avait remplacé. Les Mobylette en partaient comme des feux d'artifice. Des belles bleues, des grises et des orange qui pétaradaient dans les villages et les cités ouvrières. La grande égalité du deux-temps sous les blue-jeans des blousons noirs, les culs-terreux des maraîchers, les fesses postales du facteur. Et la soutane du curé, toutes voiles dehors, saint-sacrement sur le porte-bagages. Elle me faisait rêver, la pétrolette. Selle biplace et guidon-bracelet, garanti casse-gueule quand il fallait braquer bras collés au corps. Les épaules remontées aux oreilles et la conduite impossible qui donnait l'air d'un têtard énervé.
Puis la roue avait continué de tourner, les mobs rangées au musée, le faubourg s'était changé en dortoir. Et la ville en faubourg.
A présent, le dortoir est vide et sent la mort.
Quelle image à la noix."

Si la lecture reste toujours aussi savoureuse, nous attendons avec impatience de voir si l'auteur va resserrer légèrement les boulons (cette  jolie expression, vous l'aurez compris, vous qui êtes nés dans les années cinquante, étant parfaitement adaptée à l'époque de la dite  Mobylette.)  Tout comme le Deus-ex-machina  dans l'œuvre dramatique, la partie précédant la conclusion est primordiale, pour ne pas dire capitale. Alors, l'auteur va-t-il reprendre la main? Nous le saurons au prochain épisode.
Julius Marx  

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