lundi 21 décembre 2015

Le Polar Est Poésie



Un braquo ne se monte pas tous les jours. Moi, l'idée ne m'en était jamais venue. Ou alors, diffuse, en pensées brumeuses, dans l'entre-deux du sommeil. Quand on se rêve albatros planant au-dessus des mers. Ou monstre orgiaque absolument increvable et tout à fait capable de suppléer à onze mille verges. Ou encore, desperados de légende. Mais généralement, en bandit magnifique, je finis mal. Haché par les tirs automatiques d'un millier de tireurs d'élite des brigades spéciales. Mitraillé par un hélico sur le toit d'un immeuble en flammes, une foule terrifiée à mes pieds. Dans la chambre sordide où j'avais tout sacrifié pour un seul amour. Vendu par un vieux pote à qui je pardonne dans l'ambulance. Ou flingué à la régulière par un flic dont l'estime n'a d'égale que la mienne, mais le destin et la barricade à deux côtés  seront toujours plus forts que l'amitié de ceux qui ne hurlent pas avec les loups. Après ça, on peut se rendormir.
Patrick Pécherot
Soleil noir
(Série Noire)
Rêveur et poète le personnage de Pécherot, oui, mais aussi cinéphile, sans aucun doute. Dans ce roman noir, les métaphores claquent comme des coups de fouet au-dessus de nos têtes et les personnages font tous partie de la famille d'un Siniac, par exemple.
La photo ? Mr Eddy dans le Printemps à Paris de Jacques Bral.

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