En fait ce « Voyage
au Bout de la nuit » est un récit romancé, dans une forme assez singulière
et dont je ne vois pas beaucoup d’exemples dans la littérature en général. Je
ne l’ai pas voulu ainsi. C’est ainsi. Il s’agit d’une manière de symphonie
littéraire, émotive, plutôt que d’un véritable roman. L’écueil du genre c’est l’ennui.
Je ne crois pas que mon machin soit ennuyeux. Au point de vue émotif ce récit
est assez voisin de ce qu’on obtient ou devrait obtenir avec de la musique.
Cela se tient sans cesse aux confins des
émotions et des mots, des représentations précises, sauf aux moments d’accents,
eux impitoyablement précis.
D’où
quantité de diversions qui entrent peu à peu dans le thème et le font chanter
finalement comme en composition musicale. Tout cela demeure fort prétentieux et
mieux que ridicule si le travail est raté. A vous d’en juger. Pour moi c’est
réussi. C’est ainsi que je sens les gens et les choses. Tant pis pour eux.
Louis-Ferdinand
Céline
(Lettre aux
Editions de la NRF-14 avril 1932)
Oui, je suis bien conscient qu'il est très difficile d'admirer à la fois les textes de ces lettres et de rejeter catégoriquement ceux, remplis de haine, adressés quelques années plus tard à Desnos, par exemple. Faire semblant de ne pas les remarquer, les éviter soigneusement comme un lâche, une triste merde. Non, je les lis aussi, pour comprendre ou tenter, au moins.
Je ne suis pas le premier et sûrement pas le dernier.
Julius Marx
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