Le plus
rageant, c’est qu’on ne peut pas faire grand-chose. On reste là, impuissant,
les deux bras ballants, avec dans le cœur une rage contenue qu’on aimerait bien
libérer.
Bon, je vous
raconte d’abord les faits. La semaine dernière, deux « bras cassés »
ont enlevés un gamin habitant de la résidence. Ces parfaits idiots ont de suite
exigé une rançon très importante à la famille, comme il se doit dans ce type d’affaire.
Pourtant, cette famille ne fait pas partie des familles privilégiées de la
résidence. Même le moins futé des flics du quartier, appelé illico sur les
lieux, pouvait facilement se rendre compte qu’il avait à faire à des imbéciles,
ayant agi au hasard, dans la plus parfaite improvisation. Et, lorsque les
parents du gamin (légitimement affolés) se sont rendus au rendez-vous fixé par
les apprentis ravisseurs, ils étaient bien entendu accompagnés par les policiers,
trop contents de résoudre une affaire aussi rapidement !
Ce sont bien
des conséquences dont je veux vous parler. Le gouvernement de la résidence a
aussitôt décrété l’état d’urgence sur toute la zone, passant sous silence du
même coup que le simple fait que notre gamin ait pu quitter les yeux sans
problème était dû à l’incompétence notoire de leurs fichus gardiens. Alors, voici
les mesures draconiennes prises tout de suite par le gouvernement. Depuis ce jour,
les gardiens sont tous protégés d’un gilet pare-balle et ne se privent pas d’exercer
leur pénible et ridicule tyrannie au détriment des résidents et des visiteurs.
Mais, les bougres ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Voilà maintenant que
nous devons tous posséder une carte magnétique à puce pour entrer et sortir de
la résidence. Cette mesure radicale, n’ayant pas été contestée par aucun des
privilégiés assignés dans cette prison dorée, nous a prouvé une fois de plus l’impunité
totale dont jouissent les dirigeants de notre petit paradis. Chez nous, Nestlé
pourrait aisément remplir ses bouteilles d’eau minérale avec l’eau du Nil sans élever
aucune protestation de la part de quiconque ! La soumission est
décidemment la religion principale de ceux qui veulent être protégés à tout
prix.
En allant
chercher mes deux cartes, dans les luxueux bureaux des hautes sphères de notre
état totalitaire, c’est à peine si les hommes présents ont levé la tête, en m’entendant
protester contre ce procédé. Et puis, je suis sorti en marmonnant quelques
adjectifs qualifiant les dirigeants en français, (c’est à ce jour ma toute nouvelle
méthode pour extérioriser ma rage). En rentrant chez moi, je me suis dit que j’avais
trouvé là, une belle métaphore illustrant la situation du pays, mais aussi,
celle de pas mal d’autres de part le monde, comme la belle France, par exemple.
Julius Marx
(Ecrit sous l'influence de la colère, le 7 mars 2017)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire