lundi 24 octobre 2011

Une question d'adaptation


En lisant King's Ransom (Rançon sur un thème mineur-1959) de Mister Mc Bain, je m'esclaffe  (eh oui, il m'arrive encore de m'esclaffer, mais c'est essentiellement en position couchée )
- Mais bon sang de bonsoir, c'est le scénario du film de Kurosawa,(1) mot pour mot !
Alors, tout tremblant, je regarde les dates : 1959 pour le bouquin et 1963 pour le film. Je frémis (toujours en position allongée, c'est fréquent, pas de quoi épiloguer) et me pose la question: y'aurait-il plagiat?
Mais bien sûr que non ! En consultant le catalogue Wildcat du fan Scorcese, j'apprend que Mc Bain , sous le nom d'Evan Hunter a bien collaboré au script du maître japonais.
L'adaptation littéraire, on le sait, n'est pas une entreprise facile. Le résultat, on le sait aussi, est presque toujours décevant. Vous voulez quelques exemples?...Citons pêle-mêle les romans de Manchette (inutile de revenir sur ces tristes chapitres),ceux de Westlake (ah ! le" Two MuchUn Jumeau Singulier adapté par le pourtant respectable Yves Robert avec Pierre Richard !!!!) vous voulez vraiment d'autres exemples?
La méprise, car méprise il y a, vient très souvent de la très fameuse intrigue bien ficelée, suffisante, au moins aux yeux des cinéastes et producteurs, pour assurer un script du même niveau. Les petits malins oublient que les maîtres du polar ne réservent pas leur imagination débordante à la seule intrigue. Ils ont aussi le pouvoir de créer une atmosphère particulière, un monde où les amateurs que nous sommes aiment à s'enfermer (en position couchée) ne retombant dans le monde normal ,sans Dortmunter ni Carella (beurk)  qu'après la dernière ligne.
Pour l'adaptation on ne peut plus réussie dont nous parlons, Kurosawa a transposé son propre monde dans sa propre époque. L'histoire de cet homme riche dont la réussite force le respect de ses sbires et qui se retrouve  devant un  grave cas de conscience ( payer une forte rançon pour un gamin, celui de son chauffeur) est avant tout universelle. L'homme japonais  du film n'agit pas comme l'homme américain du bouquin. Le flic américain  (Carella) n'a pas les mêmes méthodes que ses collègues nippons. Mais, la question elle, reste toujours la même :  doivent-ils perdre tout sentiments humains au profit de leurs seules réussites?
La réponse est glissée entre les lignes et dans le noir et blanc de l'image et des cadrages.
Quel polar, quel film!
Julius Marx

(1) "Tangoku to Jigoku" ou High and Low" ou bien encore " Le ciel et l'Enfer" 1963.  Pour le résumé et la critique totalement subjective de ce chef d'oeuvre, se reporter à l'article de l'excellent blog "Toutlesautressappellenthal.Wordpress.com".

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