La lune paraît.
Comme une orange trop mûre, elle flotte à la crête des monts,
jaune, chaude, pleine à craquer, anxieuse comme une femme enceinte.
Vous n’avez pas pu nous prendre ce corps céleste, ce coup d’oeil
sur l’éternité, cette colossale projection de notre âme. Je
retrouve soudain le monde et sa cohérence, et je comprends que tout
le chagrin que l’on éprouve ici n’est que l’expression d’un
point de vue carcéral fait de bassesse, d’accablement et
d’enfermement derrière des murs. Mais alors, sacrebleu, pourquoi
ne pas l’avoir caché derrière des rideaux ? Sont-ils mauvais
psychologues ! Le regard, en effet, suffit à rendre le
prisonnier libre comme l’air.
Oskar Panizza
Ecrits de prison
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