Assise
encore une fois dans son bureau de négociant en coton de Memphis,
Ione
Gamble créa, grâce à son silence et son crayon seulement,
une tension si palpable que
Howard Mott crut pouvoir un instant la
goûter et la toucher. Il lui suffirait,
soupçonnait-il, d’augmenter
la tension ne serait-ce qu’un peu pour que celle-ci prenne
le goût
de l’électricité et donne alors la sensation que doit donner une
menace de mort.
Il
jugea que l’interprétation de Gamble était superbe et se demanda
quels morceaux et
éléments il finirait par en voler ou emprunter
pour son usage personnel dans de futures
apparitions devant la cour.
Mott admira spécialement la manière dont elle avait
contribué à
mettre en place la scène en réduisant ses épais cheveux châtains
à un
chignon de vieille fille et en décapant son visage de tout
maquillage pour en souligner
le caractère remarquable et en
minimiser la fondamentale joliesse.Toutefois, le quota
de joliesse
était amplement fourni par la nudité manifeste de ses seins sous la
chemise
de polo blanche.
Et
enfin il y avait le crayon-long, jaune et récemment taillé- qu’elle
examinait depuis
près de trois minutes silencieuses, le
pointant,de-ci, de-là, mais s’assurant que la pointe
revenait
toujours à sa position de départ, comme une aiguille aimantée, et
se braquait
droit sur la gorge de Howard Mott.
Ross
Thomas
Voodoo,Ltd
Traduction
Jean-Patrick Manchette
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire