jeudi 8 novembre 2012

Une voix furtive


Bientôt huit ans que je vis ici, au bord de la mer.
Dans les premiers mois, il fallait que je la contemple, quelques minutes seulement par jour.
Aujourd'hui, je l'entends, je la sens et c'est bien suffisant.
Le vent (fidèle lieutenant) m'enveloppe, me pousse, et me répète sans cesse :
 elle est là, vieux, pourquoi s'en faire? 


Cesenatico vecchio

la mer est partout.

Partout on entend le flot
qui nous fait avancer.

On l'entend au cimetière
comme sur la rive.

C'est une voix furtive,
une sorte de louange.

Aux vivants ne déplaît pas
le cimetière marin.

Ils viendront y reposer
jouissant de la paix du rivage.

Les vivants aiment le vin,
ils aiment les cris et les fureurs.

Mais, sous terre, il leur plaît 
d'entendre la mer tout près d'eux.

Les morts sont contents
si la mer les protège.

Quelques lumignons brillent encore,
deux ou trois sont déjà éteints. 

Marino Moretti  Diario senza le date Mondadori, 1974

Traduction De l'auteur du beau blog Fine Stagione 

J'ajoute seulement ceci ...

"Et, seul enfin avec son coeur , le voyageur trouve-t-il /
Dans la caresse plus furtive du vent et l'éclair inconstant de la mer/
Des preuves qu'il existe vraiment quelque part un Paradis Terrestre/
Aussi certains que ceux que les enfants dénichent dans les pierres et les trous?"
W.H.Auden

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