mardi 19 février 2013

Le Polar est Féminin


Et voilà. R.K. tombait dans le panneau. Tout paraissait tellement innocent, même dans ce décor puant le béton, le froid et la poussière. Un Noir lui offrait une main fraternelle et R.K. ne pouvait faire autrement que se conduire en Blanc libéral et tendre lui-aussi une main amicale. C'était réglé comme du papier à musique. Et c'est là qu'on se retrouve empoigné, déséquilibré et que le sourire du Noir se fige.
-Enculé ! Tu te figurais peut-être que tu allais m'échapper!
L'attaque de l'agent de la mort est si prompt, si inattendue. La toque de fourrure  bousculée et le fil de fer qui passe et se referme. Tout cela si vite, dans un seul geste rond, qu'on a juste le temps de lâcher un petit cri de protestation, un gargouillis étouffé alors que vos yeux vous sortent déjà de la tête, comme dans un rêve. Et la peau vire au rouge tomate. Et puis, vous tombez sur les genoux et vous vous tordez, en essayant d'arracher avec les ongles ce qui vous serre le cou et expulse la vie hors de vous par battements réguliers, par battements parfaitement calibrés - un mouvement d'horloge dont les aiguilles ne tournent que dans un sens et que personne ne peut inverser, pas même la puissance de Dieu.
Rosamond Smith (Joyce Carol Oates)
 Soul / Mate (Le sourire de l'Ange)
Archipoche
Photo : James Cagney dans Kiss Tomorrow good bye
(Gordon Douglas- 1950)

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