lundi 9 avril 2012

Gone with the wind



Ce matin, grand vent.
Les bourrasques indiscrètes, sans gêne, giflent les fenêtres, s'infiltrent sous les portes.
Le jardin est réveillé, bousculé. On le somme de bouger un peu, d'aller voir ailleurs.
Les arbres jouent aux quilles de bowling. Les branches se prennent pour de gigantesques éventails de Divas coléreuses.
Le chant des oiseaux, les appels de marchands ambulants, sont remplacés par le bruissement continu des éléments, par le tintement métallique des différents objets qui dégringolent.
En tentant une sortie, je pense à une phrase de Mark Twain :" Jeune homme, j'étais beau, étrangement beau. A San Francisco, par jour de gros vent, de très mauvais temps, on me prenait souvent pour le beau temps."
Sur les toits, comme pour honorer une coutume locale, les couvertures, tapis et draps s'envolent.
Dans les petites rues autour de la maison, c'est le moment que choisissent les habitants pour grimper sur des escabeaux , échelles ou simples tabourets.
En équilibre précaire, on récolte les fleurs d'oranger.
Grâce au vent, tout de même, le parfum enveloppe le village tout entier qui devient un gros gâteau doré par le soleil.
Dans sa rue propre, je salue le philosophe. Il me parle de ses trois arbres, de la taille obligatoire dont personne dans la rue ne maîtrise vraiment la technique. Puis, nous passons vite à la politique, aux traditions qui disparaissent, aux bons, aux méchants...
La couturière a cédé sa boutique à deux jeunes barbus qui l'ont vite transformé en salle de jeux.
Six ordinateurs flambant neufs et autant de consoles de jeux; les gamins du quartier attendent patiemment l'ouverture, assis sur le trottoir devant les grilles de la boutique.
En les croisant, je ne pense plus à Mark Twain mais au Pape qui a lancé ce matin devant les fidèles un appel à la raison aux dirigeants Syriens. C'est le marchand d'armes qui plaide pour la paix!
J'en ai assez de me faire gifler. J'amorce un repli stratégique.
Si ça continue comme ça, j'ai peut-être une chance d'apercevoir des cloches, poussées par les vents marins, qui sait ?
Julius Marx

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