vendredi 20 avril 2012

Histoires comme-ci, comme çà (4)



Comment j'ai raté l'occasion de me faire un ami

Londres, 1984. Exposition sur le thème de la nature morte au fil du temps.
Après une petite heure de déambulation, je m'arrête devant un Paul Klee.
Rien de tel pour souffler un peu, réfléchir.
En route pour le pays des songes, je maudis celui qui me fait retomber dans la morne réalité en toussant derrière moi. Peut pas aller s'éclaircir la gorge ailleurs, non mais des fois!
Je me retourne, j'vais lui montrer au malotru comment il faut se comporter devant un Paul Klee.
Le type se tient droit comme un I. Impossible de lire quoi que ce soit sur son visage.
-Pas possible, mais c'est Michael Palin ! Bon sang...je dois rêver.
Arrêtes de le dévisager comme ça mon bonhomme, remets-toi. Il va croire que t'es louf.
Je retourne au tableau. Mais, le coeur n'y est plus. Qu'est-ce que je peux faire?
Je dois lui parler franchement, lui dire "J'aime beaucoup ce que vous faites"... Non... Trop ringard.
Et puis, il faudrait plutôt dire j'adore. Comment dit-on j'adore déjà en anglais?
Je pourrais lui faire signer la cassette que j'ai acheté ce matin avec les épisodes 6-7-8 et 9 de la série.
Non, c'est n'importe quoi.. Pourquoi pas un autographe pour ma soeur!
Il est toujours là.. Je sens son souffle dans mon dos.
Ca y est, je vais lui demander comment il trouve le Paul Klee. Non, encore plus nul. S'il l'admire depuis aussi longtemps que moi, c'est qu'il l'aime, logique..
Je cherche une blague, un bon joke. J'ai bien des sketchs dans la tête, un bon paquet même, mais pas  une seule phrase typique, à part "It's", mais, c'est un peu court, trop court. Et puis, côté humour, c'est moi qui suit court, impossible de rivaliser.
Ca y est, j'ai trouvé. Je vais simplement lui tendre la main ; une main fraternelle. Et je lui dirais seulement un mot, rien qu'un mot : "merci". Voila, c'est tout.
Allez, c'est le moment, pas de temps à perdre.
Je me retourne. Plus personne.
C'est de ma faute, tout ce temps à réfléchir..
Allez, maintenant, passons à autre chose de tout à fait différent.
Julius Marx


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