mercredi 11 avril 2012

Le voyage de Niko



Aleksi Einojuhani est un auteur finlandais qui vit à l'Est de la Finlande, dans la province de la Carélie du Nord, bordée par la frontière Russe. Son troisième roman  Continuum  met encore une fois en scène le personnage de Niko Kapanen détective privé, installé dans la capitale de la région: Joensuu (prononcez Yoensou.)
Dans ce troisième opus, Niko s'ennuie encore plus que dans les deux premiers. La situation est grave. Le détective est au bord de la dépession. Ce ne sont pas la ville et ses habitants  les responsables ( les caréliens sont de solides gaillards, toujours prêts à fêter le plus petit évènement qui se présente) mais son travail.
Il y a bien les traditionnelles filatures pour le compte de maris à cornes ( La tragédie Niklas Hagman) et les enquêtes forcément discrètes dans le milieu des affaires et de la politique (L'affaire Holmlund).
Mais Niko veut plus que ça, il veut du sang! Un bon sérial-killer, un cannibale, une bête féroce qu'il serait le seul à traquer et puis, à éliminer sans états d'âmes, pour le bien de la société.
Alors, notre détective à la dérive quitte un beau matin son bureau avec dans la tête une seule question: Pourquoi n'a-t-il jamais la chance d'affronter un tel spécimen de criminel?
Cette question sera le point de départ du roman. Bien entendu, je vous laisse découvrir la réponse au fil du voyage de Niko et des 28 petits chapitres du livre. Aleksi Einojuhani écrit dans un style épuré, dépouillé, neutre, voir régressif.
Lisez cet extrait ou le détective visite une université.
"Je sors, je traverse la grande cour ensoleillée et très animée. Ces jeunes ont l'air plutôt heureux de vivre. Ces trois chevelus affalés sur un banc peuvent bien dormir tranquilles, personne dans le coin pour leur trancher la tête à la hache. Les charmantes blondinettes qui les accompagnent avec leurs jolies tresses et leurs robes à volant n'ont aucune raison de s'inquiéter, pas de candidat pour les violer dans un périmètre aussi large que le lac Pielinen.
Dans la salle de cours, un jeune type en costume de velours est assis à la place du professeur, la tête plongée dans un gros livre à reliure de cuir.
-Vous êtes le professeur?
Il lève la tête, ôte sa paire de lunettes à fine monture dorée.
-Bonjour.
Il  me sourit. L'imbécile!
-Je t'ai posé une question.
-Et je ne suis pas tenu d'y répondre.
Qu'est-ce que c'est que ce langage. Il se fiche de moi?
Il se lève. Toujours ce bon sang de sourire, un comble!
-Pas de mouvements brusque, petit.
Il écarte les bras, sans cesser de sourire. Je remarque que la poche droite de son costume est bien déformée. D'un signe, je lui montre la poche.
-Qu'est-ce que t'as là-dedans?
Il  baisse la tête, regarde la poche à son tour.
-Un livre, c'est tout.
-Joue pas au plus malin avec moi.
Monsieur Sourire plonge la main dans sa poche. Il en ressort un petit livre à la couverture pliée,  toute déformée. Je lis le titre ; Le voyage au bout de la nuit.
J'avance et je balance un swing du droit pour commencer. J'ai jamais aimé les gars qui sourient sans raison."
Bref, il faut lire Aleksi Einojuhani au plus vite.
Julius Marx

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