mercredi 19 septembre 2012

Au jardin impossible



Parfois, en rêve triste
Dans mes désirs existe
Très lointain un pays
Où être heureux consiste
A peine à être heureux.

L'on vit comme l'on naît,
Sans vouloir ni savoir.
Cette illusion de vivre,
Le temps y meurt et y renaît
Sans que nous le sentions couler.

Sentir et désirer
Sont bannis de cette contrée.
L'amour n'est pas l'amour
Dans ce pays où erre
Mon délire lointain.

Là, ni rêve ni vie:
Une enfance sans fin
Et l'on croirait revivre
Si doux est vivre ainsi
Au jardin impossible.

Fernando Pessoa 
Pour un Cancioneiro
21 novembre 1909

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