mercredi 3 octobre 2012

Et pourquoi pas ?


Les gens qui étaient mieux que nous étaient à l'aise.
Ils vivaient dans des maisons peintes avec toilettes à chasse d'eau.
Conduisaient des voitures dont on reconnaissait l'année et la marque.
Ceux qui étaient pires étaient à plaindre et ne travaillaient pas.
Leurs voitures étranges étaient sur des blocs de pierre dans des cours poussiéreuses.
Les années passent, et tout, et chacun est remplacé.
Mais une chose n'a pas changé- je n'ai jamais aimé travailler.
J'ai toujours voulu être paresseux. Je trouvais mérite à ça.
J'aimais l'idée d'être assis sur une chaise devant la maison pendant des heures,
sans rien faire que porter un chapeau et boire du Coca.
Et pourquoi pas?
Tirer par moments sur une cigarette. 
Cracher. Tailler un bout de bois avec un couteau.
Où est le mal?
Appeler de temps en temps les chiens pour aller chasser le lapin. Essayez, à l'occasion.
Interpeller de loin en loin un gamin gros et blond comme moi et lui dire,"On se connaît pas?"
Plutôt que : "Qu'est-ce que tu feras quand tu seras grand?"

Ce texte de Raymond Carver (inutile de vous inscrire les références, vous devez déjà posséder tout les ouvrages de Carver, et en plus, j'en suis sûr, vous avez aussi la chance d'avoir acheté les nouvelles traductions non "expurgées" par l'éditeur !)(1) est un peu la suite du message précédent.
Aux septiques qui continuent de faire rimer simplicité avec facilité, il faut expliquer qu'écrire reste l'art de sauter les idées intermédiaires. Mais, ça ne signifie pas qu'un auteur doive laisser de côté ses idées, s'il en a.
Dans la première partie du texte, je vois une opposition au matérialisme,  et à la fameuse réussite sociale, si tendance.
Puis, dans la seconde partie, je compte les raisons exposées de tenter de vivre autrement. En laissant de côté le Coca qui me fait mal au ventre, j'ajouterai "prendre le temps de lire un poème de Carver".
Enfin, vient l'espoir d'un futur ou l'homme comptera pour ses actions d'homme et non pas pour ses actions en bourse.
Mais, tout ceci est tellement simple que vous devez déjà savoir tout ça.
Julius Marx

PS : Mais pourquoi " l'homme qui tua Liberty Valance", en illustration, oui, pourquoi?
(1) Je n'ai que les anciennes. Maintenant, vous savez quoi m'offrir pour mon anniversaire. Si vous n'avez pas encore l'ensemble des bouquins, y compris les chroniques si intelligentes sur la littérature, pas besoin de vous dire quoi faire.

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