jeudi 25 octobre 2012

Sécurité relative


-Allo, c'est toi ?
-Bien sur que c'est moi ! Qui t'attends-tu à trouver au bout du fil, le Pape !
-Manquerait plus que celui-là!
-Alors, quelles sont les nouvelles, chez vous?
-Nous respirons le doux parfum des bombes lacrymogènes.
- Ah !Ca te rappelle ta jeunesse, mai 68, les barricades...
- Arrêtes !Je m'en passerai bien. La nostalgie, c'est pas mon truc,tu sais. Et chez vous?
-Rien. Juste le parfum de la mer avant celui du mouton qui carbonise  sur la grille.
-En parlant de mouton, tu as vu l'histoire d'Hammamet?
-Non, raconte.
-Il paraît qu'on a retrouvé des moutons roumains échoués sur la plage.
-Comment? Des boat-sheep de l'est, sur nos rivages! C'est un scandale! Mais pourquoi importer des bestioles de si loin? Ici, à chaque carrefour, des bergers campent avec leur troupeau depuis une bonne quinzaine de jours.
-Je ne sais pas, le prix, probablement.
-J'espère au moins qu'ils avaient des papiers en règle.
-C'est le monde à l'envers!
-Oui, le monde. Drôle de monde, pas vraiment facile à commenter, hein?
-Et toi, qu'est-ce que tu fais?
-Rien. Je regarde pousser les arbres.
 Je pense écrire un truc sur le bêlement des agneaux. Je parlerai de sacrifice, de leurs yeux globuleux et de pas mal d'autres trucs du même ordre. Je parlerai aussi de ma maison et de ma sécurité relative. Ma tête est une ruche d'activités secrètes, comme dit Carver.
-Bon, je te laisse...
-D'accord.
-Ah, au fait, encore une chose à te demander.
-Oui.
-Je pense me laisser pousser la barbe, un petit collier, qu'est-ce que tu en penses?
-Bof.
Julius Marx

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