jeudi 24 février 2011

Amici miei


Et bien voilà, l'histoire débute à Paris. Dans un premier temps, il faut ré-apprendre à marcher, c'est essentiel et pour tout dire, une vraie question de survie. Je bouscule, j'évite et me faufile habilement.
Et puis, il ne faut pas regarder les gens dans les yeux en évitant, si possible, de leur poser la moindre question.
D'ailleurs, celui qui s'aventure à demander  est un imbécile car, voyez-vous, ici, tout est prévu, expliqué , pré-digéré, organisé pour votre confort et votre sécurité. Dans le bus, le plan média commandé par la RATP nous l'annonce clairement : "si tout le monde fait ses propres règles, il n'y a plus de règles".
Donc marcher, tête basse, et vite.
Je sors de la file pour entrer dans un super-marché, m'attarde devant le rayon (oui, un rayon complet) de sacs plastiques. Dix mètres linéaires de sacs congélation, poubelles ou "fraîcheur"!
J'ai la tête qui tourne, trop de bouffe, trop de tout!
Je me retrouve devant  le rayon animal de compagnie. Deux femmes (sans se regarder, évidemment) se parlent..
-Avec ces croquettes, il m'a fait une diarrhée
-Non..
-Si, si
-Non, pas moi.
Au secours, la sortie, fissa !
Enfin, le calme, je retrouve mes chers amis.
Dans un premier temps, je m'enfile un sandwich au jambon et une bonne bière.
Puis, nous parlons de la Tunisie et de sa belle révolution.
Question envolée lyrique, pas de problème. Mais, il faut bien parler des nuages noirs qui arrivent, poussés par un vent frais venu d'Europe. A ce moment, mes chers amis deviennent pensifs ; est-il  en train de perdre un peu la boule,  lui si vif, si réactif, autrefois ?
Je poursuis, j'assène même.
L'info-pub de vos médias est révoltante.Bien sûr, l'info est truquée, préparée et mise en scène comme une vraie pub pour des croquettes pour chats et chiens...Et, j'ajoute qu'elle me donne la diarrhée leurs saloperies  de croquettes!
A ce moment, mes chers amis ne sont plus dubitatifs, ils me demandent si je veux reprendre une bière, histoire de me calmer.
 Pendant qu'ils vont la chercher dans le frigo, je poursuis.
Notre économie  est prisonnière de l'Europe, de ses tours-opérateurs, de sa grande distribution et de sa sur-consommation, voila une info vérifiée et vérifiable.
La question est de savoir comment et à quelle sauce vont-ils nous manger maintenant qu'ils sont en position de force?
Oui, car les mots  révolution, idéalisme et liberté ne font pas vraiment partie de leur vocabulaire et ne sont pas encore enseignés dans leurs séminaires.
Après plusieurs autres boissons avec mousse, nous achevons la soirée réflexion chez un sicilien qui parle trop et dont les pizzas sont beaucoup trop épaisses.
Heureusement, un de mes chers amis, nous apprend l'existence d'un instrument de musique indien appelé "la vague et le rossignol" et se met à en jouer. Nous écoutons, sous le charme..
Entre nous, combien d'hommes et de femmes dans ce monde ont la chance d'écouter, calmes, rassérénés, un de leurs congénères leur offrant une vague et un rossignol ?
Julius Marx

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