jeudi 10 février 2011

Peur sur la ville et Tohu-bohu


Vingt septième jour (après B.A.)
Il y a cette image qui fait dorénavant partie des bêtisiers, la tête du Roger Gicquel , gros toutou, les babines pendantes, qui lâche : "la France a peur.."
Chez nous, moins de mise en scène, pas de gros toutou, mais une population qui se sent menacée.
D'où vient le danger?
Dans un premier temps, de la nuit. Pendant les heures claires, le bourdonnement d'une cité qui vit  a remplacé celui de la foule en colère. Mais, dès les premiers signes du déclin de l'astre, les enfants sortent de l'école.
Alors, les parents qui ont la chance de travailler, quittent à leur tour leur travail, suivis de très près par les employés des usines.
Une ville se vide de ses habitants dans le calme, mais dans un curieux climat, avec une étrange sensation de peur.
La nuit tombée, les groupes de citoyens chargés de surveiller les biens et les habitations s'installent à leur tour.
Puis, vient la période des rumeurs : on aurait attaqué le magasin X, l'armée est sur place, certains auraient aperçu des tireurs d'élite...
Malheureusement, il faut bien admettre que certaines sont bel et bien fondées.
Hier soir, une demie-heure avant le couvre-feu, nous remontons la rue principale (à grande vitesse, car nous sommes pressés de rentrer). Nous remarquons les petits groupes de "guetteurs"  devant un immeuble en construction,  ou au coin de notre rue, avec leurs bâtons de fortune.
Ils ont l'air aussi sombres que la nuit.
La police, qui vient de passer elle aussi des heures sombres, ne montre toujours pas le bout de son nez.
Nous, on s'enferme, on se barricade..




Pendant ce temps là , la télévision est devenue folle.
Habitués jusqu'ici  à une programmation  fortement teintée de la vie et l'oeuvre du grand chef, les téléspectateurs n'en reviennent pas !
Tout le monde parle, s'exprime, crie et vocifère. Ce tohu-bohu ( et je n'emploie pas cette expression par hasard 1 ) rappelle le souk. Une amie traduit pour nous...
Une femme demande à un ministre (oui, la version homme politique face au peuple existe déjà ici) de lui trouver un mari. L'homme s'étonne. La femme argumente, du travail pour tous cela veut dire de l'argent pour tous et donc, un homme fortuné pourra  enfin la choisir et financer un beau mariage!
Un autre vient du Sud. C'est un paysan à la peau cuivrée et fripée  par le soleil. Il demande une parabole et une télévision, comme tout le monde!
Un participant se permet même d'insulter le ministre en lui disant "toi, t'es un imbécile" ou quelque chose du même ordre.
Côté  présentateur, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne cherche pas à cultiver son égo. Il est totalement absent , ne dirige rien du tout, et surtout pas le débat, et se contente de hocher la tête comme un benêt.
Mon Dieu ! Ils sont devenus fous, ils ne pensent pas  aux écrivains, aux cinéastes, aux hommes de télévision. Mais comment vont-ils faire maintenant pour écrire des histoires  passionnantes et originales?
Julius Marx
1/ le tohu-bohu, c'est le chaos  primitif, l'état confus des éléments qui précéda la création du monde. 

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