dimanche 6 février 2011

Arts


Vingt et unième jour (après B.A.)
Sur la route à grande circulation qui divise notre village en deux parties,comme un coup de crayon donné par notre gabelou suprême, le jeune Hatem  tient une charmante boutique. Son commerce : les tampons encreurs, les plaques minéralogiques, les panneaux publicitaires et surtout, les tableaux artistiques et les miroires (non, ce n'est pas une faute d'orthographe.)
Hatem  travaille vite (quelquefois un peu trop vite ) et bien. D'ailleurs, sa devise est peinte sur la façade de son échoppe : "La qualité, le secret de notre réussite".
Depuis la chute de B.A l'activité "portraits et cadres" a beaucoup chuté. Chez lui, comme chez tous ses concurrents, on trouvait  quelques peintures religieuses, des reproductions de grands monuments comme la Tour Eiffel ou les chutes du Niagara, mais surtout, des tableaux de B.A.
Le grand timonier de la nation; de plein pied, en buste, avec la main sur le coeur, assis devant son ordinateur, ou de profil, en bain de foule photoshopé, le bras levé bien haut désignant l'horizon ou peut-être déjà l'Arabie Séoudite, qui sait?
Il est inutile de préciser que ces magnifiques expressions de l'art dictatorial ont aujourd'hui rejoint des collections privées ou plus simplement la grande poubelle devant le magasin d' Hatem.
Si les paysages (valeurs sûres) demeurent, les autres ont étés remplacées en vitesse par le Ché, Bob Marley ou quelques rappeurs américains.
Un observateur avisé ne peut que constater la surprenante rapidité avec laquelle les sujets de B.A ont occulté leur ancien protecteur (au moins dans la partie picturale.)
Pour rester dans la peinture, il faut savoir aussi que les monuments de couleur violette (couleur du parti) ainsi que les ouvrages d'art comme les ponts ont eux aussi étés recouverts d'une épaisse couche de peinture blanche beaucoup plus neutre.
Ce qui frappe les occidentaux que nous sommes c'est la faculté d'effacer, d'oublier, pour  se concentrer au plus vite sur l'instant présent, comme si le passé n'avait jamais existé. C'est un pays à un seul temps.
Ici, rien n'est fait pour durer...Il suffit de regarder les maisons et la plupart des bâtiments, éphémères constructions à peine construites et déjà bancales, rongées par l'humidité. Qu'importe, on rebâtira ailleurs!
L'expression de Lope de Vega "bâtissant des tours sur du sable" illustre parfaitement cet état.
It's
Julius Marx

1 commentaire:

  1. Oui c'est exactement ça, rien n'est fait pour durer, tout est éphémère..Je me demande si finalement c'est pas mieux de vivre ainsi que de toujours tout prévoir à l'avance.
    Très bel article, Bisous.

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